
L’armée israélienne a émis le 9 septembre un ordre d’évacuation, illégal, aux habitant·es de Gaza. À bout de force, les Gazaouis décrivent devoir choisir entre deux morts : mourir sous les bombardements ou mourir lentement d’un énième déplacement forcé. Nous avons recueilli leurs témoignages.
Après les bombardements massifs, l’évacuation illégale de Gaza ville. Ce nouvel ordre d’évacuation, combiné à l’intensification des opérations militaires à Gaza, illustrent, une fois de plus, la volonté délibérée d’Israël de détruire moralement et physiquement une population déjà dévastée.
Sur le tract, largué par centaines par des avions militaires israéliens, on peut notamment lire : "Avertissement urgent. À tous ceux qui n’ont pas encore quitté la ville de Gaza […] comme vous l’avez constaté, l’armée israélienne est déterminée à vaincre le Hamas partout et agira dans la ville de Gaza avec une puissance accrue […]" / © Omar Al-Qataa - AFP
« Je ne veux pas abandonner mes patients », un médecin à Gaza
Après l’ordre d’évacuation émis par Israël le 9 septembre, un médecin soignant des enfants souffrant de malnutrition a témoigné auprès de nos équipes : « Je ne veux pas abandonner mes patients, ces petits enfants dont le corps est trop fragile pour supporter un nouveau déplacement, mais je ne sais pas quoi faire. Cela revient à choisir entre deux morts : mourir sous les bombardements ou mourir lentement à cause du déplacement, sans savoir où aller. J’ai déjà été déplacé 15 fois. Je n’ai pas fermé l’œil depuis plusieurs nuits à cause des bombardements intensifs non loin ; nous nous efforçons d’aller travailler pour soigner les enfants, mais nous sommes à bout. »
« Nous n’en pouvons plus de revivre cette épreuve sans fin », une grand-mère avec sa petite-fille de 8 ans (...)
Certains avaient déjà tenté de fuir vers le sud lorsqu’Israël a commencé à frapper de hauts immeubles le 5 septembre. Mais ils n’ont pas pu faute de moyens pour payer les frais de transport ou parce que la petite zone désignée par Israël pour les accueillir n’était pas habitable.
« Un transport vers le sud coûte 1 000 euros », une femme âgée handicapée
« Nous avons déjà été déplacés de Sheikh Radwan il y a trois semaines » témoigne une femme âgée en situation de handicap vivant dans un camp de fortune pour personnes déplacées à Tal al Hawa, dans le sud de la ville de Gaza. « Mon fils m’a porté sur ses épaules car je n’ai pas de fauteuil roulant et aucun moyen de transport ne pouvait venir jusqu’à notre quartier. Aujourd’hui, on nous ordonne encore d’évacuer. Pour aller où ? Un moyen de transport vers le sud coûte près de 4 000 shekels [1 025 euros] et une tente, au moins 3 000 shekels [800 euros] ; sans compter que nous ne savons pas si nous trouverons un endroit où l’installer. Nous avons déjà dépensé toutes nos économies pour survivre à cette guerre, pour de la nourriture et des produits de première nécessité. Chaque jour, on a l’impression que la guerre recommence, mais en pire, et nous sommes épuisés, nous n’avons plus ni la volonté ni la force de continuer. »
Israël poursuit son génocide
Ces témoignages que nous avons recueillis des habitant·es de Gaza sont sans équivoque : Israël poursuit son génocide. La ville de Gaza, dont le patrimoine remonte à plusieurs millénaires - et qui a déjà subi des destructions et des dégâts majeurs - est menacée d’anéantissement total. (...)
Les États et les entreprises qui continuent d’armer Israël risquent de se rendre complices du génocide en cours. Tous ceux qui exercent une influence sur Israël doivent faire pression pour mettre un terme à sa campagne génocidaire et que la population gazaouie ait pleinement accès à l’aide humanitaire. L’Histoire ne pardonnera pas l’inaction mais la jugera.
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Amnesty International
Pétition Génocide à Gaza : la France doit mettre fin à l’impunité d’Israël