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France24
Le Pen, Orban et les "Patriotes pour l’Europe" : détricoter l’Union européenne de l’intérieur ?
#UE #parlementEuropeen #extremedroite
Article mis en ligne le 10 juillet 2024
dernière modification le 8 juillet 2024

Le Rassemblement national a officialisé, lundi, son ralliement au groupe européen des "Patriote pour l’Europe", créé par le Premier ministre hongrois Viktor Orban. Une manière de concourir au leadership de l’extrême droite au niveau européen après la déconvenue aux législatives en France. Et un danger pour l’Union européenne ?

C’est fait. Deux des principales forces d’extrême droite en Europe vont dorénavant avancer main dans la main au sein de l’UE. Le Rassemblement national français va rejoindre le groupe des "Patriotes pour l’Europe" à Bruxelles, a confirmé lundi 8 juillet le Fidezs, le parti du Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui était à l’origine de la création de ce groupe parlementaire en juin.

Jordan Bardella, président du RN français, avait fortement suggéré ce ralliement à venir dès dimanche soir. À peine la déconvenue électorale du second tour des législatives rendue publique, il avait annoncé que "dès lundi, nos eurodéputés joueront pleinement leur rôle dans un groupe important [au parlement européen, NDLR] pour influencer le rapport de force en Europe".

Combat de chef d’extrême droite à Bruxelles

Autrement dit, si le RN a perdu une bataille sur le front national, il compte accentuer l’effort de guerre au niveau européen. Et pour ce faire, Jordan Bardella et Marine Le Pen ont opté pour le groupe parlementaire créé par Viktor Orban en juin 2024 "pour tenter de rompre son isolement sur la scène européenne", rappelle George Newth, politologue spécialiste des populismes en Europe à l’université de Bath. Avant le ralliement du RN, les Patriotes pour l’Europe comptaient, outre le Fidesz hongrois, sur les députés d’extrême droite autrichiens et slovaques.

Le RN n’était pas obligé de sceller une alliance avec Viktor Orban, le plus ouvertement pro-Poutine des dirigeants européens. Ses eurodéputés siégeaient déjà au sein du groupe de droite radicale Identité et démocratie, qui avait été cofondé par le RN en 2019. (...)

La stratégie d’Orban a toujours été de détourner le projet européen de l’intérieur", a souligné Pierre Haski dans sa chronique géopolitique sur France Inter. Le manifeste du groupe des Patriotes pour l’Europe détaille encore plus clairement ce grand dessein : "L’objectif n’est pas de prendre d’assaut la citadelle européenne, mais d’abolir l’UE telle qu’on l’a maintenant. Cela passe notamment par le fait de limiter l’influence que l’Union européenne peut avoir sur les politiques nationales", précise Périne Schir, doctorante à l’Université de Rouen et chargée de recherche spécialiste de l’extrême droite française à l’université George-Washington, aux États-Unis.

Le groupe des Patriotes pour l’Europe peut-il devenir cette cinquième colonne qui mine le projet européen de l’intérieur ? "En devenant le troisième groupe, ce rassemblement de partis d’extrême droite dispose clairement d’une voix plus forte pour influencer le débat européen, mais ne dispose pas d’un droit véto sur les décisions européennes", détaille Georgios Samaras, spécialiste de l’extrême droite européenne au King’s College de Londres.

Autrement dit, en l’état actuel du rapport de force politique, "les Patriotes pour l’Europe ne représentent pas encore une menace existentielle pour la construction européenne", assure ce spécialiste. (...)