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Le Parquet de Paris ouvre une enquête sur deux influenceurs d’extrême droite
#extremedroite
Article mis en ligne le 18 décembre 2025
dernière modification le 16 décembre 2025

Tout comme les journalistes, les magistrats sont l’une des cibles privilégiées de l’extrême droite, dans la mesure où ils constituent un obstacle à son projet. À mesure que les digues sautent et qu’une partie de la classe politico-médiatique se compromet avec le RN, certains exaltés s’engouffrent dans la brèche. C’est le cas de Le Guiz et Baptiste Marchais, les Laurel et Hardy du libertarianisme, deux influenceurs vivant à l’étranger qui déversent leur bile dans un podcast nauséabond. Ils sont aujourd’hui visés par une enquête du parquet de Paris après des propos hostiles et menaçants à l’égard des juges d’application des peines. Plongée dans un petit monde ultra-réactionnaire et testostéroné où l’on discute viande, armes à feu et grand remplacement sur fond de nostalgie pour les juntes militaires d’Amérique du sud.

Dans sa newsletter « Faf » datée du 18 novembre, le média d’investigation StreetPress a attiré l’attention sur les propos tenus par l’influenceur d’extrême droite Baptiste Marchais lors d’un épisode, du podcast « Radio Dixie », qu’il anime deux fois par mois au côté du militant libertarien Le Guiz, diffusé le 11 novembre. Le champion de développé-couché, qui a fui « l’enfer socialiste français » pour s’installer au Texas, s’en était pris vertement aux juges d’application des peines, les accusant d’avoir du sang sur les mains  : « On sait très bien qu’il n’y a pas d’erreur commise en vérité. C’est délibéré. Ce sont des juges qui sont politiques et qui ne croient pas à la prison, qui veulent libérer, qui veulent nuire ».

Son comparse avait alors enchainé avec une comparaison tout en subtilité : « Même les nazis qui se sont barrés en Argentine après la guerre, eux, jusqu’à la fin de leurs jours, ils avaient peur que le Mossad les rattrape alors que tous ces juges français, ils meurent tranquilles dans leur lit sans aucun stress ». (...)

Après avoir appelé à ce que « la peur change de camp », Baptiste Marchais avait invité les éventuels auditeurs travaillant dans la magistrature à lui transmettre, ainsi qu’à Le Guiz, les identités des juges d’application des peines coupables, à leurs yeux, d’avoir provoqué la mort d’innocents du fait de leurs décisions, afin qu’ils les rendent publiques. L’ancien videur avait toutefois pris soin d’assurer ses arrières en indiquant qu’il n’était nullement question de porter atteinte à leur intégrité physique, bien qu’il les ait qualifiés «  d’assassins » un peu plus tôt.

« On va y aller au cas par cas […] On va se charger de donner des sanctions. Ce sera verbal, y’a pas de souci. Mais que ces gens aient à rendre des comptes. Y’en a marre, ils nous chient dessus. Ce sont des assassins, des traîtres, des collabos, des criminels », s’était insurgé l’expatrié. « Magnifique » avait acquiescé son interlocuteur. (...)

La technique est rodée  : cibler des personnalités de gauche, des journalistes, des élus, des avocats ou des juges accusés d’être un peu trop laxistes, les assommer d’injures et de reproches plus ou moins fantaisistes, recourir au doxing (le fait de divulguer les informations personnelles de quelqu’un pour lui nuire) ou menacer de le faire à des fins d’intimidation pour ensuite se défausser et prétendre n’avoir eu aucune mauvaise intention en premier lieu. Un procédé particulièrement prisé par l’extrême droite, à l’instar du média Frontières qui y a plus d’une fois eu recours.

Après avoir pris connaissances de ces propos, le parquet de Paris a décidé d’ouvrir une enquête contre les deux influenceurs afin de « vérifier si les propos tenus pouvaient revêtir les qualifications pénales d’actes d’intimidation envers un magistrat pour qu’il s’abstienne d’acte de sa fonction, et discrédit jeté sur une décision de justice ».

Le Ministère de la Justice a également réagi via son porte-parole Sacha Straub-Kahn qui, dans un message posté le 19 novembre, a réaffirmé son soutien aux magistrats ainsi qu’à l’ensemble du personnel de justice, indiquant que tout fonctionnaire visé par des menaces bénéficierait d’une protection fonctionnelle. (...)