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Le marché juteux des gravats genevois exportés en France voisine
#Suisse #France #chantiers
Article mis en ligne le 26 août 2024
dernière modification le 23 août 2024

Chaque année, ce sont 2,2 millions de tonnes de terre non polluée qui sont extraites des chantiers genevois, l’équivalent d’une pyramide de Khéops. Si la moitié est déposée dans les gravières genevoises ou recyclée, l’autre moitié est exportée vers la France voisine. Cette situation entraîne le passage de 100’000 camions par an à la frontière. En termes de flux de transport, cela représente un camion par minute pendant les heures de travail.

"C’est absurde tous ces transports par camion", commente Jacques Martelain, géologue cantonal genevois, jeudi dans l’émission de la RTS Temps présent. Cette situation découle du fait qu’aucun des quatorze sites prévus pour déposer ces terres non polluées n’a pu être ouvert malgré leur mention dans le plan directeur des décharges depuis 2011.

"Les obstacles ? Globalement la population n’en veut pas. Quand vous interrogez les gens, ils s’accordent sur le fait qu’il faut gérer les déchets, mais ils n’en veulent pas ni sur leur territoire, ni devant leur fenêtre", indique Jacques Martelain.
Résitance citoyenne

Genève est un canton très dense en termes d’habitation, et une forte résistance citoyenne s’est progressivement organisée. Cette opposition s’est récemment concrétisée dans une initiative législative cantonale, dite "des 300 mètres", qui pourrait être soumise au vote l’année prochaine. (...)

Le problème ne se limite pas au manque criant de sites d’accueil sur le canton de Genève. En exportant vers la France voisine les terres non polluées des chantiers, le marché du transport et des gravières s’est lentement déplacé vers les entreprises françaises, qui proposent des tarifs plus compétitifs grâce à des salaires moins élevés.

Dépendance à l’étranger

Et, souvent, le gravier est aussi importé de France par camion, alors que la Suisse dispose de ses propres ressources.
Cela pose un risque de dépendance vis-à-vis de l’étranger. (...)

On a encore droit aux petits chantiers, parce qu’on nous laisse un peu les miettes mais les gros chantiers, c’est presque inutile d’y penser à l’heure actuelle
Johann Le Coultre, directeur de l’entreprise Maury Transports à Genève

(...)

Entreprises de France voisine également affectées

L’exportation massive de matériaux d’excavation suisses vers la France voisine exerce aussi une pression sur les petites entreprises locales françaises. Celles-ci peinent désormais à trouver des sites pour déverser leurs propres matériaux d’excavation, ou alors elles ne peuvent le faire qu’à des coûts fortement majorés par la concurrence engendrée par la demande suisse.

Face à cette situation, la seule alternative viable pour ces entreprises est de parcourir de plus longues distances pour localiser des lieux d’évacuation disponibles. Une étude a mis en lumière que, chaque année, les camions français sont contraints de parcourir environ 15 millions de kilomètres pour déposer les terres non polluées issues des chantiers de Haute-Savoie uniquement.