
Depuis quelques mois, la direction de la Poste multiplie les sanctions contre les syndicalistes trop combatifs sous des prétextes souvent fantaisistes. Elle a pourtant été maintes fois désavouée par la justice. Un représentant de SUD PTT vient ainsi de faire annuler 10 ans de sanctions à son encontre. Mais d’autres de ses collègues se sont retrouvés convoqués au commissariat suite à une plainte de la Poste.
« Nous ne comptons plus nos militants sanctionnés par leur direction, explique Angélique Grosmaire, secrétaire générale adjointe de SUD PTT. Ce sont surtout les départements les plus combatifs où il y a des sanctions. Et ce qui est incroyable, c’est que les griefs reprochés à nos représentants portent le plus souvent sur des faits commis dans l’exercice de leur mandat syndical ».
Bordeaux, le 23 août 2024. En période de fin de vacances, les manifs sont plutôt inhabituelles. Mais ce jour-là, ils sont environ 200, massés devant la direction régionale de La Poste. Comme en janvier et mars 2022 déjà, et pour les mêmes raisons : la convocation en conseil de discipline de Willy Dhellemmes, représentant SUD-PTT. Sa faute ? Toujours la même : des « intrusions » dans des établissements postaux et des prises de parole impromptues. (...)
La Poste condamnée à annuler 10 ans de sanctions contre un syndicaliste (...)
« La Poste a des méthodes dignes du pire patronat, considère Angélique Grosmaire. Et elle a beau être constamment condamnée, elle ne change rien à ses pratiques. Depuis quelques temps, on a même l’impression que la répression s’aggrave. Difficile de ne pas y voir un lien avec les prochaines élections professionnelles qui s’annoncent cruciales. »
Des élections professionnelles cruciales le 14 octobre (...)
des élections professionnelles effectivement déterminantes auront lieu le 14 octobre, juste avant un changement de statut de la Poste : les 522 CHSCT seront supprimés pour laisser la place à 32 comités sociaux d’entreprise (CSE). « Cela signifie un éloignement des instances du terrain : le nouveau CSE dont je dépendrai sera régional, et gérera 10 000 salariés au lieu de 500 », explique Willy Dhellemmes. Or, les CHSCT veillent en particulier aux problèmes de santé et souffrance au travail, un domaine où, par le passé récent, l’entreprise a fait figure de très mauvais élève.
En 2019 éclatait le scandale des suicides à La Poste. Une cinquantaine en deux ans, révélait alors une enquête d’Envoyé Spécial sur France 2, qui montrait un personnel sous pression, usé par une course effrénée à la productivité et un management inhumain. « Même s’il y a eu des mesures de façade la situation n’a pas beaucoup changé. De réorganisations en réorganisations, la situation est devenue invivable et il n’est pas rare de voir des salariés craquer ou pleurer au travail. Et le service se dégrade », affirme Ludovic Jeanneau, secrétaire départemental SUD PTT dans les Pyrénées Orientales. (...)
72 secondes pour remettre un recommandé (...)
Symptomatique, dans le jargon, le temps passé à saluer les usagers est appelé temps parasite. » L’image d’Épinal du sympathique facteur à vélo venant tailler le bout de gras avec des usagers isolés appartient définitivement au passé. « A la Poste, en fait, t’as pas le droit de parler », résume Ludovic Jeanneau. C’est si vrai que même la direction n’a pas souhaité échanger avec Blast (...)