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Afrique XXI
La pacification mémorielle en trompe-l’œil d’Emmanuel Macron
#Macron #memoire
Article mis en ligne le 25 décembre 2025
dernière modification le 23 décembre 2025

Reconnaître les crimes coloniaux est a priori une entreprise louable. Mais derrière les apparences peuvent se cacher des intentions moins avouables. La « politique mémorielle » engagée par Emmanuel Macron depuis 2017 vise à court-circuiter les mouvements qui réclament justice pour les crimes du passé et à défendre les intérêts français sur le continent africain.

Le pouvoir a besoin, pour s’installer et se perpétuer, de recycler à son profit les critiques qui lui sont adressées. Emmanuel Macron en sait quelque chose : il n’a cessé, pendant la campagne présidentielle de 2017, de donner des gages symboliques à la gauche pour mieux faire accepter son programme de guerre sociale

Sa déclaration tonitruante lors d’un déplacement à Alger, en février 2017, participe de cette stratégie. La colonisation est un « crime contre l’humanité » qui commande à la France de présenter des « excuses », déclare-t-il alors à la télévision algérienne. Des mots qui tranchent avec les positions de ses concurrents dans la course à la présidentielle. Mais l’explication de texte du candidat Macron, quelques jours plus tard, ne fait que reprendre le couplet mémoriel déjà entonné par ses prédécesseurs.

Le refrain de la « réconciliation » (...)

On attend toujours, à l’automne 2025, qu’un projet de loi-cadre permettant de déroger au principe d’inaliénabilité des collections publiques – susceptible, par conséquent, de débloquer enfin le processus de restitutions des dizaines de milliers d’œuvres africaines conservées dans les musées français – soit enfin soumis au Parlement. (...)

L’Élysée n’hésite pas, par ailleurs, à interférer directement dans le travail des historiens. En 2020, le président intervient directement dans le processus de restitution des dépouilles des résistants algériens rapportées en France comme trophées au XIXe siècle. Cherchant à accélérer la restitution d’une vingtaine de crânes, pour complaire à Alger, il court-circuite le travail d’expertise… et se ridiculise. Le New York Times révèle bientôt que seuls six des vingt-quatre crânes restitués appartenaient en réalité à d’authentiques résistants (les autres étant vraisemblablement ceux de supplétifs de l’armée française)

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Derrière les tripatouillages élyséens se cachent évidemment des considérations diplomatiques et économiques. C’est le cas pour le sabre dit « d’El Hadj Omar » – d’origine douteuse lui aussi – remis au Sénégal fin 2019 : la cérémonie de restitution coïncide avec la signature d’un mirifique contrat d’armement, dont trois patrouilleurs armés et des missiles en vue de protéger des installations pétrolières dans les eaux sénégalaises

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C’est le cas de façon encore plus manifeste s’agissant du rapport Duclert, qui, en attribuant à la France une « responsabilité lourde et accablante » dans le génocide tout en rejetant la notion de « complicité », a servi de base au rapprochement stratégique entre Paris et Kigali. Dans la foulée du rapport, le président Macron promet d’investir des centaines de millions d’euros dans l’économie rwandaise, et Paul Kagame engage les forces armées rwandaises dans la protection des installations gazières de Total Énergies au Mozambique

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Une « pacification » à droite toute (...)