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CNRS
La conscience, un mystère à décoder
#conscience
Article mis en ligne le 14 avril 2025
dernière modification le 7 avril 2025

La conscience est un état subjectif. Elle ne peut pas être observée directement, contrairement à des paramètres biologiques mesurables comme le taux de glucose dans le sang ou l’activité cardiaque.

Qui est conscient ? Et comment le savoir ?

Les humains sont-ils les seuls à être conscients ? Cette question est sujette à débat dans la communauté scientifique. L’intelligence de nombreuses espèces ne fait aucun doute, mais intelligence et conscience ne sont pas synonymes.

Certains primates, les dauphins ou certains oiseaux présentent des signes de conscience de soi1, car ils semblent se reconnaître dans un miroir. Mais l’interprétation de ce test demeure délicate. Des animaux échouent à ce test alors qu’ils adoptent des comportements suggérant une forme de conscience2. (...)

Les neurosciences proposent une autre approche : étudier l’activité cérébrale associée à la conscience3. Des tests en laboratoire explorent, par exemple, la « vision au seuil de conscience » : on expose brièvement des images à un individu pour déterminer à quel moment elles deviennent perceptibles consciemment. Il s’agit, en analysant comment le cerveau traite l’information, d’établir des marqueurs cérébraux de conscience. Ces mêmes marqueurs sont ensuite mesurés chez des patients ne communiquant plus avec le monde extérieur à la suite d’un coma, pour déceler d’éventuelles présences de conscience résiduelle (...)

Le cerveau, seul maître à bord ?

La conscience réside-t-elle uniquement dans notre cerveau ? « C’est un organisme entier qui est conscient, pas seulement 1,2 kg de matière cérébrale », rappelle Catherine Tallon-Baudry. Elle soutient l’idée que la conscience résulte d’une interaction complexe entre le cerveau et le corps – un aspect souvent négligé par les théories classiques. À travers de nombreux travaux6, elle a notamment démontré que les connexions entre le cœur et le cerveau permettent de prédire aussi bien la conscience de soi que celle du monde extérieur.

Combinant les neurosciences et la psychologie expérimentale, les recherches de Nathan Faivre, directeur de recherche CNRS au Laboratoire de psychologie et de neurocognition7, renforcent cette théorie. Ses travaux8 ont montré que les perturbations corporelles, telles que les altérations de la perception du corps, influencent de manière significative notre conscience de soi et notre capacité à traiter l’information sensorielle. Ils soulignent que des modifications corporelles peuvent affecter notre interaction avec l’environnement et altérer l’ensemble de notre expérience consciente.

Une théorie universelle de la conscience : mission impossible ?

Si la science progresse, elle reste prudente. (...)

Plutôt que de chercher une explication globale, la recherche actuelle s’oriente vers l’identification de différentes composantes de la conscience et des mécanismes biologiques associés. C’est en décortiquant ce mystère en plusieurs éléments plus accessibles que les scientifiques espèrent désormais avancer. (...)

L’intelligence artificielle peut-elle accéder à la conscience ?

Pourtant, des questions subsistent : une intelligence artificielle (IA) pourrait-elle, à terme, être consciente ? Si l’on définit la conscience uniquement par la capacité à traiter l’information et à raisonner, certaines intelligences artificielles pourraient déjà être considérées comme conscientes. Mais si la conscience implique nécessairement une dimension organique, subjective et sensible, alors les machines en sont encore très loin.

Les recherches « suggèrent que les structures de base, cognitives et neuronales, qui permettent la conscience sont déjà en place très tôt, peut-être dès la naissance ». (...)

La conscience reste l’un des plus grands mystères de la science moderne. Aujourd’hui, les chercheurs tentent d’en décrypter les rouages en l’explorant sous différents prismes : perception sensorielle, représentation de soi, états émotionnels… Un véritable puzzle dont chaque pièce nous rapproche un peu plus de la réponse à cette question millénaire : qu’est-ce qui fait que nous sommes conscients ?