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France24/AFP
La Belgique condamnée pour le placement forcé d’enfants métis au Congo durant la colonisation
#Belgique #colonialisme #enfants
Article mis en ligne le 3 décembre 2024

L’État belge a été condamné lundi en tant qu’ancien pouvoir colonial au Congo – aujourd’hui République démocratique du Congo – pour l’enlèvement à leurs mères et le placement forcé de cinq fillettes métisses il y a sept décennies. Une pratique qui, selon les juges, constitue un crime contre l’humanité.

Un verdict historique et une victoire de longue haleine. L’État belge a été condamné lundi 2 décembre à verser des réparations à cinq femmes métisses, enlevées à leurs mères et placées de force dans un orphelinat du Congo (l’actuelle République démocratique du Congo) avant l’indépendance de 1960.

Renversant le jugement de première instance prononcé en 2021, la cour d’appel de Bruxelles a estimé que les faits n’étaient pas prescrits, et que ces "enlèvements systématiques" basés sur l’origine constituaient un "crime contre l’humanité", conformément au droit international applicable en 1946, après la Seconde Guerre mondiale.

"On a gagné, c’est une victoire totale", a réagi auprès de l’AFP Michèle Hirsch, l’avocate de ces cinq femmes désormais septuagénaires.

"C’est la première fois qu’un État colonial, la Belgique en l’occurrence, est condamné pour un crime commis durant la colonisation qualifié de crime contre l’humanité et dès lors non prescrit", a expliqué l’avocate.

L’État belge est condamné à indemniser le préjudice moral des plaignantes et à les dédommager à hauteur de 50 000 euros chacune, la somme réclamée dans la plainte qui avait été déposée en 2020.

Ce procès a été le premier en Belgique à mettre en lumière le sort réservé aux métis nés dans les anciennes colonies belges (Congo, Rwanda, Burundi). La plupart d’entre eux n’étaient pas reconnus par leur père, et ne devaient se mêler ni aux Blancs, ni aux Africains. (...)

À l’âge de deux, trois ou quatre ans, elles ont été retirées de force à leurs familles maternelles pour être placées dans des institutions généralement gérées par l’Église catholique, où elles disent avoir été victimes de mauvais traitements. (...)

Selon leur défense, la pratique du placement forcé relevait de "la politique de ségrégation raciale et de rapts instaurée par l’État colonial" belge, et a privé ces enfants de leur identité. "Leur quête d’identité est encore à ce jour empêchée", avait affirmé à l’audience en septembre Me Hirsch.

Lundi, la cour d’appel a relevé que les cinq femmes avaient été "enlevées à leurs mères respectives, sans l’accord de celles-ci, avant l’âge de sept ans, par l’État belge en exécution d’un plan de recherche et d’enlèvement systématique" ciblant les enfants métis "uniquement en raison de leurs origines". (...)

L’État belge a été le pouvoir colonial au Congo pendant un demi-siècle (1908-1960), après une première période d’occupation (1885-1908) durant laquelle le roi Léopold II avait fait de cet immense pays d’Afrique centrale sa propriété personnelle.