
Hakim (prénoms modifiés), 15 ans, voulait se faire un peu d’argent dans la drogue. Il a été violé. Mathieu, brûlé au chalumeau. Et Jules ? Séquestré. Trois procès décrivent l’insoutenable mais sourde réalité des petits dealers à Marseille, victimes de "la justice des cités".
Sourde car les victimes ne parlent pas, ou si peu. Hakim s’est finalement présenté à la dernière minute au procès de ses tortionnaires présumés, jugés à huis clos fin septembre à Aix-en-Provence. "Je n’avais plus de nouvelles depuis des semaines, il a été remarquable de courage", témoigne son avocat, Me Stéphane Arnaud.
Quelques jours plus tôt, Mathieu était lui tétanisé face à ses quatre bourreaux, finalement condamnés à de très lourdes peines (jusqu’à 25 ans de prison) pour l’avoir séquestré, torturé et brûlé avec un chalumeau sur les parties génitales, au coeur de l’été 2019.
Son tort ? Avoir osé vendre à son compte quelques grammes de drogue à Felix-Pyat, une des plus grandes cités de la deuxième ville de France. Sans l’autorisation du réseau. Depuis, "je fais rien de spécial, je sors peu, je réagis bizarrement, je fais des trucs pas sensés", a-t-il raconté, sans s’attarder.
Jules, lui, ne s’est pas présenté le 13 septembre devant le tribunal correctionnel de Marseille. (...)
2023 est une année noire à Marseille, "un bain de sang" disent les autorités, avec déjà plus de 40 morts, dont trois victimes collatérales, dans des violences liées au narcobanditisme. (...)
"On est dans un commerce international, avec des individus chosifiés. Au final, ça pose la question de la responsabilité de l’Etat dans l’accompagnement de ces jeunes", relève de son côté Me Arnaud.