
Le Samaïn Fest, qui se tient du 24 au 26 octobre près de Rennes afin de soutenir une école bretonne du réseau Diwan, programme en tête d’affiche Deströyer 666, une formation de metal australienne connue de longue date pour ses discours de haine.
Dans la mythologie celtique irlandaise, Samain est la fête – aux origines de Halloween – qui célèbre le passage de la saison claire de l’été à celle, sombre, de l’hiver. C’est aussi le nom d’un festival qui se tient depuis 2011 à la fin du mois d’octobre à La Mézière (Ille-et-Vilaine) afin de soutenir financièrement une école associative en langue bretonne de la commune voisine de Guipel. L’établissement fait partie du réseau Diwan, réputé proche de la gauche régionaliste, qui dispense à ses élèves un enseignement par immersion. (...)
Seize groupes de musiques extrêmes sont au menu de la douzième édition, du 24 au 26 octobre, qui propose aussi une cérémonie druidique ou une initiation au breton.
Deux groupes internationaux, vétérans de la scène black metal, se partagent la tête d’affiche : les Grecs de Rotting Christ – qui se sont récemment distingués pour leur participation à une compilation en soutien au camp de réfugié·es incendié de Moria sur l’île de Lesbos – et, surtout, les Australiens de Deströyer 666.
Délocalisée en Europe depuis 2001, cette dernière formation, poids lourd de la scène océanienne, est connue de longue date pour son idéologie suprémaciste et les prises de position racistes et misogynes de son leader Keith Bemrose, alias « K.K. Warslut », 52 ans. (...) (...)
Plusieurs concerts annulés
Selon Benjamin Hillier, « la musique de Deströyer 666 contribue à normaliser une vision raciste et suprémaciste blanche au sein du metal, et le fait de leur offrir une plateforme pour produire ce genre de discours doit pouvoir être questionné ». Le chercheur australien explique que « la scène metal est en général très réticente à s’interroger sur la dimension politique de la musique. Pour beaucoup de fans, c’est un truc propre au punk rock. C’est bien sûr ignorer le fait que tout art est politique ».
Musique crue et agressive aux atmosphères sombres, le black metal n’est pas exempt de toute dérive : l’un de ses sous-genres, le NSBM (black metal national-socialiste), se caractérise notamment par son affiliation à des idéologies antisémites, aryennes, païennes ou suprémacistes. (...)
la formation australienne n’hésite pas à se produire aux côtés de groupes ostensiblement néonazis. (...)
Le Samaïn Fest, lui, ne craint pas que la présence de Deströyer 666 à l’affiche puisse attirer des militant·es d’extrême droite. « On prévoit un système d’affichage et on a un service de sécurité qui sera vigilant là-dessus : si des gens ont un comportement nauséabond, ils seront renvoyés sur-le-champ », annonce Charles Castrec. Quid des propos des musiciens sur scène ? « Ça vaut pour le public comme pour les groupes. On sait que c’est quelque chose qui n’arrivera pas parce qu’on aura pris les devants. »