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Mediapart
Elon Musk, un habitué des codes antisémites et suprémacistes
#Musk #extremedroite #fascisme
Article mis en ligne le 24 janvier 2025
dernière modification le 22 janvier 2025

Le bras tendu d’Elon Musk à l’investiture de Donald Trump lundi 20 janvier a été dépeint comme un geste ambigu par la presse, ignorant la manière dont le patron de X s’est fait, ces dernières années, le relais de messages antisémites et de symboles prisés par les suprémacistes blancs et complotistes.

L’image, glaçante, a fait le tour du monde. Après une petite danse de la victoire devant le public pro-Trump survolté du Capitol One Arena, lundi 20 janvier, Elon Musk se frappe le cœur avant d’étendre vigoureusement son bras droit, par deux fois, dans un geste peu équivoque, tout en lançant : « Mon cœur est avec vous » (voir les images). Depuis, la presse du monde entier fait mine de s’interroger : le milliardaire a-t-il réellement fait un salut nazi ? N’aurait-il pas plutôt voulu envoyer des cœurs aux partisans du nouveau président, tout juste investi ?

Elon Musk a démenti tout salut nazi ce mardi : « L’attaque “tout le monde est Hitler” est dépassée », a-t-il écrit sur son compte X, conseillant à ses détracteurs de faire de « meilleurs coups tordus ». Mais la thèse des « cœurs » paraît bien candide au regard du passif idéologique du patron de Tesla et de sa maîtrise parfaite des symboles et codes ambigus dont raffole l’extrême droite. (...)

En affirmant le 9 janvier, lors d’une conversation très cordiale avec la dirigeante de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) Alice Weidel, que seul son parti était capable de « sauver l’Allemagne », Elon Musk a sciemment apporté son soutien au parti d’extrême droite, qui n’a cessé depuis sa création en 2013 de multiplier les clins d’œil au régime nazi. (...)

Le régime nazi obsède manifestement un Elon Musk, qui semble habité par l’antisémitisme. Sa reprise de X en 2022 a correspondu à une explosion des propos antisémites sur le réseau et à la prolifération des théories complotistes visant les juifs, sans qu’il lève le petit doigt pour empêcher ce déferlement de haine. Bien au contraire.

Musk assume complètement d’avoir ramené sur son réseau des figures bannies pour leurs positions racistes (...)

En plus de tenir table ouverte sur X à la fine fleur du complotisme antisémite, Elon Musk a maintes fois contribué à en diffuser les théories. Quand George Soros annonce qu’il quitte le capital de Tesla, Musk n’hésite pas à alimenter la machine de haine contre l’homme d’affaires, cible favorite des antisémites. Il le décrit en « Magneto », le personnage de super-vilain des X-Men, rescapé de la Shoah comme Soros, avant de s’excuser pour cette comparaison… auprès de Magneto ! Pour lui, Soros ne veut d’ailleurs rien de moins que « la destruction de la civilisation occidentale ». (...)

En novembre 2023, Elon Musk a ciblé sur X l’Anti-Defamation League (ADL), la principale organisation américaine de lutte contre l’antisémitisme, qui dénonçait un triplement des propos anti-Noirs et une hausse de 60 % environ des publications homophobes et antisémites sur le réseau social depuis qu’il en avait pris le contrôle en 2022. (...)

En novembre 2023, Elon Musk a ciblé sur X l’Anti-Defamation League (ADL), la principale organisation américaine de lutte contre l’antisémitisme, qui dénonçait un triplement des propos anti-Noirs et une hausse de 60 % environ des publications homophobes et antisémites sur le réseau social depuis qu’il en avait pris le contrôle en 2022. (...)

En novembre 2023, Elon Musk a ciblé sur X l’Anti-Defamation League (ADL), la principale organisation américaine de lutte contre l’antisémitisme, qui dénonçait un triplement des propos anti-Noirs et une hausse de 60 % environ des publications homophobes et antisémites sur le réseau social depuis qu’il en avait pris le contrôle en 2022. (...)

La reprise des codes des suprémacistes blancs

Le bras tendu d’Elon Musk, lundi, doit aussi être mis en parallèle avec son usage sur le Web des codes favoris des suprémacistes blancs, antisémites et complotistes. (...)

L’humour comme paravent

Emmanuel Casajus souligne que le néofascisme a évidemment longtemps « manqué d’humour et d’autodérision », et que leur usage est un paravent qui permet aux militants d’extrême droite de se dédouaner facilement (...)

En France, d’autres chapelles d’extrême droite ont utilisé ce type de codes. À l’instar de la mouvance du GUD (Groupe union défense), accusée d’entretenir une nostalgie du régime nazi à travers des soirées privées et des allusions sur les réseaux sociaux. Comme les dauphins qui fleurissent sur leurs comptes Facebook, perçus comme une référence à « Tonton Dolfin », le surnom donné à Hitler dans le milieu. Ou comme le magazine Cigale, un gratuit sur « l’art de vivre au parisien » distribué en boulangerie, créé en 2006 par des anciens gudards proches de Marine Le Pen, et qui était surnommé « Sieg Heil » dans la mouvance.

En 2017, pendant la campagne présidentielle, le prestataire de communication de Marine Le Pen, Frédéric Chatillon, pilier de cette « GUD connection », avait dû se fendre d’une « petite mise au point » sur sa page Facebook, assurant qu’il « emmerd[ait] Adolf Hitler et le Troisième Reich », et fustigeant les journalistes qui voyaient des allusions partout, tout en terminant son texte d’un « Vive les dauphins ! ».

Son ami Axel Loustau, alors trésorier du microparti de Marine Le Pen, avait lui aussi démenti tout salut fasciste lorsque Mediapart et « Spécial investigation » avaient exhumé une photo le montrant bras tendu devant son gâteau d’anniversaire, en 2011, sous le regard de Chatillon. L’ancien gudard avait assuré qu’il ne faisait que saluer ses amis, un argument repris par Marine Le Pen elle-même.

Il en va de même de l’emblème historique du GUD, le rat noir, « à moitié glorieux, à moitié moche », dont « la dimension humoristique et d’autoparodie » permet de faire oublier qu’ils « passent à tabac leurs opposants à coups de barre de fer », analyse Emmanuel Casajus. Ou encore de l’influenceur d’extrême droite Papacito, qui a plaidé l’humour lorsqu’il a eu à répondre devant la justice de ses vidéos homophobes ou bien simulant l’exécution de « gauchistes ». (...)