
En novembre, Zohran Mamdani, situé à la gauche du Parti démocrate, pourrait être élu maire de New York. Plus à l’ouest géographiquement et plus centriste politiquement, Gavin Newsom, gouverneur de Californie, défie Trump sur le terrain numérique. Tous deux veulent réveiller leur parti.
Au milieu du « Trumpshow » permanent, deux démocrates ont réussi à faire entendre leurs voix cet été aux États-Unis : Gavin Newsom, gouverneur de Californie, et Zohran Mamdani, candidat démocrate pour les municipales de New York en novembre.
Même s’ils sont très différents, à la fois politiquement et géographiquement, et si vingt-quatre ans les séparent (Newsom, né en 1967, est proche des « boomers » ; Mamdani, né en 1991, de la génération Z), leur combat est le même : faire en sorte que le Parti démocrate, étouffé par le trumpisme, retrouve de l’oxygène et une bonne image de marque auprès de l’électorat. La volonté d’agir et de ne plus se contenter de subir les réunit aussi, dans un style très offensif, où l’humour joue un rôle non négligeable. (...)
Depuis sa désignation, Donald Trump, ancien magnat de l’immobilier new-yorkais, ne cesse de fustiger le « communiste » Mamdani, qui a plaidé pendant sa campagne pour le gel des loyers, l’ouverture d’épiceries solidaires et la taxation des riches, jugeant que les milliardaires ne devaient pas exister.
Selon le New York Times, le président états-unien s’est même entretenu avec Cuomo, sans que l’on sache ce que les deux hommes se sont dit – interrogé à ce sujet par les journalistes, Trump a nié avoir appelé Cuomo.
Trump a également réactivé une de ses théories du complot favorites, qu’il avait déjà utilisée contre Barack Obama, mettant en doute la nationalité états-unienne de Zohran Mamdani, expliquant qu’il avait immigré aux États-Unis de manière illégale. Il l’a même menacé d’une arrestation s’il s’opposait à celles opérées par l’ICE, la police anti-immigration, à New York. (...)
La parodie comme arme
De l’autre côté du pays, sur la côte ouest, Gavin Newsom, que Trump affuble du surnom péjoratif de « Newscum » (formé de l’adjectif « nouveau » et de l’injure « salaud » ou « ordure »), appartient à l’establishment démocrate que Zohran Mamdani et ses ami·es du DSA combattent.
De plus, le gouverneur de Californie soutient un courant à la mode parmi les démocrates centristes, celui du « libéralisme de l’abondance », promu par le livre de deux journalistes, Ezra Klein et Derek Thompson, Abundance (Simon and Schuster, 2025, non traduit). Sous prétexte de nourrir la croissance, il s’agit de reprendre certains éléments du trumpisme – la dérégulation, la critique de la bureaucratie et l’absence de réflexion sur la catastrophe climatique –, le tout au service d’un projet techno-solutionniste apprécié par la Big Tech. Comme l’a résumé The American Prospect, « l’abondance est le néolibéralisme revisité pour un monde post-néolibéral ».
Cet été, Newsom a surtout fait sensation en menant une campagne offensive sur les réseaux sociaux, parodiant les posts de Donald Trump. Il a même lancé un site de vente de produits dérivés, inspirés de ceux du 47e président, sur lequel sont notamment vendues des casquettes rouges avec l’inscription « Newsom avait raison sur tout ». Les fonds récoltés sont versés à un Comité de campagne pour la démocratie, dont l’objectif est de combattre l’autoritarisme. (...)
Le gouverneur démocrate a expliqué sa décision de se montrer beaucoup plus offensif par les attaques redoublées de Donald Trump contre les institutions démocratiques. Gavin Newsom s’est opposé en juin au déploiement de la garde nationale décidé par Donald Trump dans son État en raison des mobilisations contre les arrestations massives de sans papiers. « Nous devons garder la tête haute, nous devons soutenir nos positions et utiliser tous les outils à notre disposition », a-t-il expliqué. (...)
Pour le gouverneur de Californie, le Parti démocrate « doit se réveiller ». « Nous sommes en train de perdre ce pays en temps réel. Ce n’est ni de la grandiloquence ni de l’exagération. C’est la réalité. »
Une nouvelle vague démocrate
Preuve que sa stratégie paie, une des têtes d’affiche du mouvement Maga (« Make America Great Again »), Steve Bannon, conseiller de Donald Trump lors de son premier mandat, a sonné l’alarme. Interrogé par Politico sur l’offensive numérique de Newsom, Bannon juge que « les membres du mouvement Maga et du mouvement America First devraient commencer à s’y intéresser, car elle ne va pas disparaître ». (...)
Dans le Guardian, Arwa Mahdawi, écrivaine britannique qui vit à New York, doute de l’efficacité de la stratégie de Newsom, qui a aussi lancé un podcast où il a reçu nombre de figures du mouvement Maga ; elle mise plutôt sur la démarche de Mamdani. (...)
Pour les démocrates, l’ennemi n’est pas seulement Trump et son projet autoritaire, mais aussi leurs propres divisions.