
Les étrangers sont des gens comme les autres , gentils ou cons,
violents ou calmes, ni plus ni moins que les natifs. Cela dit, on peut
souligner deux choses qui paraissent basiques mais qu’il faut souvent
répéter :
a) que la misère et la violence qui leur sont imposées
empêchent parfois de penser et n’arrangent pas les caractères.
b) que toutes les lois liberticides permettent que les violences que
les hommes exercent les uns sur les autres se déploient avec plus
d’ampleur puisque souvent impunies ou niées ; détruire les jungles
empêche les migrants de s’organiser contre les passeurs. Renforcer les
empêchements de voyager donne toute latitude aux trafiquants. Cette
violence , on le sait, s’exerce en premier lieu sur les femmes, sous
toutes les formes que l’on connait.
J’ajouterais un troisième point plus délicat : les difficultés liées
aux papiers, la dureté des conditions de voyage et de vie masquent
parfois des problèmes plus ... disons plus personnels auxquels ceux
qui sont dans ces situations de peur et de précarité extrêmes n’ont
pas le loisir de réfléchir. Quelque fois on ne comprend pas que
certaines personnes ne suivent pas nos conseils pourtant dûment pesés ou bien fassent ce qui nous parait relever du absolument n’importe quoi ou obéir à une logique incompréhensible pour nous. (nous qui sommes les "gentils" totalement à l’abri de toutes pensées
néocolonialistes et dépourvus de sentiments de supériorité
évidemment, rigoureusement à l’abri de toutes critiques.)
L’empilement des lois et circulaires, le côté "ancien régime" des
préfectures et l’aspect "république bananière" de notre joli pays,
l’ubuesque tragique des traitements favorisent aussi toutes les
constructions mentales aberrantes et la propagation des rumeurs, bref
la vie de sans papiers, c’est pas bon pour la santé mentale et la
prise en charge raisonnées de son existence.
comme le disait un psychiatre de ma connaissance - :"Il faut
reconnaître qu’il y a des vécus traumatisants ."
Douce nuit - ONA MOVE - Yalla ! - Yang-Kà !
Marie-Cécile
Plà
Les papiers, le combat de la dignité, mille voix, mille chants
l’Harmattan 15€50