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Club de Mediapart/ François Malaussena Conseiller politique à l’Assemblée nationale
Dissolution : comment on s’en sort ?
#electionseuropeennes #electionslegislatives #extremedroite #Macron #dissolution #gauches #FrontPopulaire
Article mis en ligne le 12 juin 2024

Cette nuit, je n’arrivais pas à dormir. Alors j’ai écrit : ce que je pense que Macron tente, et comment on peut s’en sortir. Commençons par « qu’est-ce qu’il fait ? ». Et ensuite, comment on s’en sort ? Je crois qu’on peut tout retourner, si tout le monde est prêt à un tout petit peu d’efforts et de raison.

Commençons par « qu’est-ce qu’il fait ? »

Déjà, je pense qu’Emmanuel Macron a ce fétichisme de vouloir faire des trucs exceptionnels. Il a touché à toutes les grandes lois de la République, la Constitution, la liberté de la presse, le droit pénal des mineurs, etc.

Dissoudre, c’est exceptionnel, ça marque. Tout le monde a oublié les mandats de Giscard d’Estaing ou Sarkozy, il ne s’est rien passé. On parle encore de 1997. Et Macron veut qu’on parle encore de lui dans 40 ans.

Ensuite, je pense qu’il y a la volonté d’être « maître des horloges » ; en bref, de ne pas subir une censure par les Les Républicains sur le budget en septembre ou leur simple menace.

Maître d’une montre Casio pétée, certes…

Mais surtout, je pense qu’il y a un autre calcul. (...)

son pari, ce n’est pas une victoire du RN, son pari, c’est bel et bien sa victoire à lui, grâce à la division de la gauche. Je m’explique.

Petit rappel de l’état des forces à l’Assemblée Nationale : les macronistes ont 250 députés, et la majorité absolue est à 289. La Nupes a 149 députés, le RN 88, LR 61, et il y a 29 députés LIOT/non-inscrits. (...)

En vérité, qu’il soit devant ou que le RN le soit, dans un paysage politique où la gauche est morte et où il reste lui et les fachos, il pourra penser qu’aux yeux de l’histoire il aura été leur opposition, qu’il reste au pouvoir ou que ce soit eux. Ce qui, je pense, lui convient.

Autrement dit, le pari est gagnant quelle que soit le côté où la pièce retombe : s’il a la majorité, tout bénef. S’il ne l’a pas, il (pense qu’il) sera « le résistant ».

Ce qui me fait penser que son pari est la division de la gauche, c’est deux choses. Primo, le délai. Il a choisi le délai le plus court possible pour faire les législatives, 20 jours, donc moins de 3 semaines, quand il pouvait en laisser 40, presque un mois et demi. (...)

Maintenant, comment on s’en sort ?

Divisés, on sera balayés.

Je le sais, vous le savez, les partis le savent. Je le redis, en 2022, l’union c’était pas de la charité entre des partis dont les chefs se détestent depuis des décennies, c’était une nécessité pour chacun des 4 partis, sinon on revenait à 40 députés.

Donc, comment on s’en sort ? La réponse est évidente, ce sont des candidatures d’union partout en France, décidées très rapidement parce qu’on a pas le temps de débattre chaque circonscription. Selon quelles modalités ?

Il faut un quelque chose qui soit juste pour chaque parti. Ce qui me paraîtrait juste pour tout le monde, à la hachette, c’est :

On reconduit tous les sortants
On reconduit tous les candidats qui ont fait plus de, je sais pas, 47 %
Là où un parti a fait un score abyssal, on laisse éventuellement un autre parti tenter ;
On répartit les autres circonscriptions de manière proportionnelle au score des partis à la présidentielle + aux européennes (pondérés à 50-50, par exemple).
Pareil pour la répartition de l’argent

Et évidemment, on retire tous les députés qui ont des affaires. On va pas perdre 500 000 voix pour sauver quelqu’un de violent avec sa femme, merci.

Quant au programme, il est fait, c’est celui de la Nupes en 2022. Si vous faites chier pour deux lignes quand les fascistes sont aux portes, vous n’êtes pas à la hauteur de ce qui arrive.

En revanche, l’exigence supplémentaire par rapport à 2022, c’est une coordination entre les têtes des partis (Mélenchon compris) et des groupes, et on ne réagit à rien sans l’avis de chacun. Pas l’accord hein, juste l’avis. (Histoire d’essayer d’éviter de réitérer la première ligne d’un certain communiqué de presse...)

Quant à qui sera premier ministre… (...)

Mais bref, dans le fond, qui sera premier ministre, peu importe. C’est discuter du sexe des anges.

Je l’ai dit et je le redis : après les ligues fascistes en 1934, on a eu le front populaire en 1936.

Après la débandade en 1969, l’union a fait 43 et 49% alors qu’elle était prise de court en 1974.

En 1997, on est partis à 31%, on a fini à 55%.

On ne sait pas de quoi demain, littéralement demain, sera fait. Cette élection peut tout changer et contrairement à la sinistrose ambiante à gauche, moi je crois qu’on peut tout retourner, si tout le monde est prêt à un tout petit peu d’efforts et de raison. (...)