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Observatoire des armements
Des exportations massives de composants français à la Russie en 2023
#armes #guerreenUkraine #France #Russie
Article mis en ligne le 7 mai 2024
dernière modification le 3 mai 2024

Une enquête de Nicolas Burnens (RTL), reposant sur un document confidentiel d’experts proches du gouvernement ukrainien, souligne que les grandes entreprises françaises d’armement et d’électronique Thales, Safran, Nicomatic et STMicroelectronics ont continué à contourner massivement les sanctions sur la Russie en 2023. Cette enquête confirme notre étude parue en juin 2023 [1] .

Des filières de production mondialisées situées en dehors du radar des données officielles

Les entreprises françaises ont exporté pour 82 millions de dollars de composants critiques à la Russie en 2023, dont 66 M$ directement depuis le territoire français.

Les données prennent aussi en compte spécifiquement les ventes de composants par des multinationales dont le siège social est basé en France mais dont les sites de production sont internationaux : 37 millions $ ainsi que celles des entreprises étrangères qui ont des usines de fabrication en France : 284 millions $.

Les montants ont été impactés par les coûts induits par la stratégie de contournement, précisent les experts. (...)

L’entreprise Nicomatic profite de la guerre pour tripler ses exportations (...)

Des transferts aux montants d’autant plus substantiels qu’ils concernent des pièces et des composants « critiques », au montant unitaire faible, et qui se disséminent dans un large éventail de matériels militaires.

On retrouve des connecteurs conçus par l’entreprise Nicomatic dans les drones de reconnaissance russes Korsar, des refroidisseurs Stirling Thales dans l’hélicoptère d’attaque russe Ka-52, des pneus Michelin dans les véhicules de transport blindés KamAZ-63968, des centrales inertielles Sigma 95N fabriquées par Safran à Montluçon dans les hélicoptères Ka-53.

La poursuite des exportations de biens à double usage à la Russie questionne notre attitude par rapport au conflit ukrainien puisque nous continuons à armer les deux camps, contribuant à perpétuer un état de guerre indéfini. Ce n’est pas nouveau : guerre Iran-Irak, guerre en Libye, Inde contre le Pakistan… En maintenant les échanges économiques avec la Russie, les entreprises françaises préservent une partie de leur profit et gardent toutes leurs cartes en main en cas de revirement de la situation géopolitique. Une telle politique ne peut mener qu’à l’impasse et conduit nécessairement au renforcement des logiques de guerre et autoritaires que l’on constate partout dans le monde. Voilà l’envers de « l’économie de guerre » vantée par le président de la République… Celui dont on parle peu mais qui questionne le système dans son ensemble.

Va-t-on pouvoir enfin en débattre sérieusement ? (...)