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France Culture
Derrière des sauces tomates étiquetées en Italie, des produits chinois et le travail forcé des Ouïghours
#agriculture # esclavage #tomates #Italie #Chine #Oïghours #UE
Article mis en ligne le 11 décembre 2024
dernière modification le 9 décembre 2024

Comment des sauces et des concentrés de tomates se retrouvent-ils dans des supermarchés, en Europe, sous une étiquette italienne alors que les tomates ont été cueillies en Chine, qui plus est, par des Ouïghours ? Enquête d’un autre aspect de la mondialisation, en partant d’un documentaire de la BBC.

Des champs de tomates rouges vifs à perte de vue dans le Xinjiang : C’est un autre aspect de la mondialisation que je vous propose d’explorer ce matin, en partant d’un documentaire remarquable de BBC Eye Investigation. Dans son enquête d’une heure, la radio télévision britannique nous emmène dans le Xinjiang, une vaste région du nord-ouest de la Chine, près du Kazakhstan, notamment. "Le Xinjiang bénéficie d’un climat idéal pour cultiver des tomates", explique BBC Eye, qui nous montre des champs de tomates à perte de vue. Leur rouge vif spectaculaire est même capté par satellite, mais c’est un univers bien plus sombre, que dévoile le média publique britannique. Bien loin des publicités du groupe Xinjiang Guannong, comme celle-ci où la société chinoise propose de rafraîchir ses connaissances sur les conserves de tomates, en montrant ses lignes de production de coulis, de concentrés, conditionnés dans des barils bleus.

"Nos sites de production sont à pleine capacité, se targue un cadre : 260 000 tonnes de tomates fraîches ont été collectées et 35 000 tonnes de concentré de tomates ont été produites", montre cette publicité relayée par BBC Eye Investigation. (...)

L’enfer des Ouïghours forcés de travailler, notamment dans les champs de tomates : C’est aussi dans le Xinjiang, souligne BBC Eye Investigation que la Chine a lancé, depuis 2017, un programme de détentions massives des Ouïghours, la minorité musulmane. Ils seraient un million à être détenus, forcés de travailler dans les champs de tomates ou dans les usines agro-alimentaires. Si Pékin parle de "camps de rééducation", c’est une toute autre réalité, un enfer que décrit, à la BBC, Mamutjan, un professeur ouïghour arrêté plusieurs fois dans le Xinjiang. (...)

Selon le quotidien économique italien Il Sole 24 Ore, l’Europe a presque doublé ses importations de concentré de tomate chinois l’an dernier. (...)

Petti, grande entreprise de transformation de tomates en Italie, a reçu, entre 2020 et 2023, "plus de 36 millions de kg de concentré de tomates de l’entreprise chinoise Xinjiang Guannong et de ses filiales", parfois de sociétés écrans, précise BBC Eye Investigation. (...)

Xinjiang Guannong constitue un "Etat dans l’Etat", avec une force économique et paramilitaire indéniable. (...)

Le groupe Petti produit et vend des produits à base de tomates sous son propre nom mais l’un de ses cadres a admis à la BBC, sous caméra cachée, qu’il pouvait vendre des tomates chinoises sous une fausse étiquette italienne. (...)

Des marques occidentales bénéficient encore du travail forcé des Ouïghours dans le textile : Une étude récente conclut qu’une quarantaine de marques occidentales dont Zara, Next, Pull & Bear, Burberry, Ralph Lauren, commercialisent des vêtements fabriqués à partir du travail forcé des Ouïghours, rapportent le Guardian, le journal Le Monde ou encore l’Institut syndical européen. "Des dizaines de marques bien connues sont identifiées comme présentant un risque élevé d’approvisionnement en matériaux, notamment en coton et en PVC, fabriqués par des Ouïghours contraints de participer à des programmes de transfert de main-d’œuvre imposés par l’État, selon un rapport d’Uyghur Rights Monitor, de l’Université Sheffield Hallam et du Centre ouïghour pour la démocratie et les droits de l’homme (...)