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D’Allende à Albanese : Les héritages du colonialisme, de l’impérialisme et de la lutte pour apprivoiser la société
#colonialisme #imperialisme #societe #systemeeconomique #resistances #solidarites
Article mis en ligne le 11 septembre 2025
dernière modification le 6 septembre 2025

En 1972, Salvador Allende s’est présenté devant l’Assemblée générale des Nations unies et a dressé un réquisitoire cinglant contre le pouvoir des entreprises. Il a mis en garde contre un monde où les sociétés transnationales éclipsaient les gouvernements souverains, où l’impérialisme économique supplantait la gouvernance démocratique et où le destin des nations était subordonné aux bilans de lointains actionnaires. Son discours, prononcé peu avant son renversement par un coup d’État soutenu par les États-Unis, était une déclaration prophétique de résistance à la marée montante du néolibéralisme et à l’hégémonie mondiale des entreprises.

Aujourd’hui, plus de cinquante ans plus tard, une autre voix résonne dans les couloirs des Nations unies. Le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, a publié un rapport historique qui trace la trajectoire d’une "économie de l’occupation" à une "économie du génocide". Dans cette évaluation audacieuse, Mme Albanese met en évidence l’enracinement des intérêts économiques - tant au niveau de l’État que des entreprises - qui permettent les pratiques illégales du régime israélien, notamment son vaste complexe militaro-industriel et ses réseaux économiques extractifs. Cependant, la focalisation du rapporteur - limitée aux territoires occupés - ne peut que laisser entrevoir les forces historiques et systémiques plus vastes qui sont en jeu. C’est précisément l’absence de réglementation des activités des entreprises transnationales dans le cadre du droit international qui a mis en place une structure incitative mondiale en faveur de l’impunité.
Des fabricants d’armes qui fournissent les bombes aux fournisseurs de carburéacteur qui permettent les frappes aériennes, les entreprises continuent de bénéficier de la dépossession violente et de la domination structurelle à Gaza et de les perpétuer.

La situation dans les territoires palestiniens occupés ne révèle pas seulement une catastrophe humanitaire, mais un désordre mondial systémique enraciné dans l’impunité, la dépossession raciale et le profit des entreprises. La violence qui sévit à Gaza, en Cisjordanie et dans toute la Palestine historique n’est pas seulement politique et militaire, elle est aussi économique et systémique.

Au centre de ce système se trouve une économie mondiale qui récompense les conflits. L’occupation n’est pas maintenue dans le vide ; les entreprises qui fournissent des armes, des technologies de surveillance et des infrastructures essentielles servent à la soutenir. L’architecture de l’apartheid et des déplacements fonctionne parallèlement aux moteurs de l’industrie, depuis l’extraction et la revente des ressources naturelles jusqu’à la fourniture de services logistiques et technologiques. Là où d’autres voient la dévastation, les entreprises voient l’opportunité. Là où les civils voient les bombes tomber, les conseils d’administration voient les marchés se développer.

Cette dynamique n’est pas propre à la Palestine. Elle est le reflet d’une longue et violente histoire de systèmes économiques fondés sur la domination coloniale et le capitalisme racial. La persistance des modèles coloniaux à l’ère moderne, habillés du langage de la "sécurité" et du "développement", ou ouvertement manifestés dans le génocide auquel le peuple palestinien est confronté aujourd’hui, révèle le pouvoir durable du capital de remodeler les géographies et d’anéantir les droits des peuples. L’impérialisme ne fonctionne pas uniquement par la conquête brute, mais par le biais de vides juridiques, d’accords commerciaux opaques et de vides réglementaires qui mettent les entreprises à l’abri de toute responsabilité, alors même qu’elles permettent des crimes de guerre et une oppression systémique et en tirent profit.

Le droit international, dans sa configuration actuelle, est mal équipé pour y répondre. Les cadres qui existent pour réglementer la conduite des entreprises restent autorégulateurs, volontaires et truffés d’exceptions - en particulier dans les secteurs de la défense et de l’extraction. Bien que certains recours juridiques nationaux aient offert des remèdes partiels, la vaste machinerie de la complicité économique reste intacte, non contrôlée et dangereusement normalisée, avec des enquêtes lentes, des sanctions rares et un manque flagrant de volonté politique.

Pourtant, au milieu de ces sombres réalités, des voix s’élèvent. Le courage de ceux qui affrontent le pouvoir - que ce soit dans les couloirs des Nations unies, dans les mouvements populaires ou dans les communautés assiégées - exige reconnaissance et solidarité. Ils nous rappellent que la résistance à l’impunité doit être à la fois fondée sur des principes et globale, en reliant les luttes par-delà les frontières.

À ce jour, l’étape la plus concrète vers la lutte contre l’impunité des entreprises dans la sphère juridique internationale réside dans l’élaboration d’un traité juridiquement contraignant efficace pour réglementer les sociétés transnationales dans le droit international, dont les négociations ont commencé à la suite de l’adoption de la résolution 26/9 du Conseil des droits de l’homme des Nations unies en 2014. Un engagement fort de la part des États et des acteurs de la société civile plaidant pour des changements structurels significatifs dans l’ordre économique mondial et l’architecture de l’impunité est impératif dans ce processus. La Campagne mondiale pour recouvrer la souveraineté des peuples, démanteler le pouvoir des entreprises et mettre fin à l’impunité s’engage fermement en faveur de l’élaboration de ce traité contraignant. Cet instrument vise à établir les bases permettant de tenir les STN pour responsables des violations des droits de l’homme, garantissant ainsi l’accès à la réparation et à une justice globale pour les communautés affectées.

La souveraineté, la dignité et la justice des peuples ne peuvent coexister avec l’impunité des entreprises. Le défi que nous devons relever ne consiste pas seulement à documenter les violations, mais aussi à interrompre les systèmes qui les rendent profitables. Pour ce faire, nous devons nous réapproprier le langage du droit, les outils de l’économie et les principes de la solidarité internationale, non pas comme des abstractions, mais comme des armes dans la lutte pour la libération.

L’histoire nous a montré ce qui se passe lorsque nous n’agissons pas. La question est maintenant de savoir si nous allons enfin écouter.