Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Actualitté
Le gouvernement acte la disparition de 60 millions de consommateurs
#60millionsdeConsommateurs #INC
Article mis en ligne le 30 octobre 2025
dernière modification le 27 octobre 2025

C’est une page de l’histoire du service public de la consommation qui s’apprête à se tourner. Le gouvernement a décidé de liquider l’Institut national de la consommation (INC), établissement public qui édite depuis plus d’un demi-siècle le magazine 60 millions de consommateurs. La mesure, inscrite dans le projet de budget du gouvernement Lecornu II, prévoit la dissolution de l’institution d’ici au 31 mars 2026, selon un document budgétaire consulté par l’AFP.

Créé en 1966, l’INC devait à l’origine servir de relais technique et scientifique entre l’État et les associations de consommateurs. Érigé en établissement public industriel et commercial (EPIC) en 1990, il emploie aujourd’hui environ soixante personnes, dont une vingtaine de journalistes. Basé à Malakoff (Hauts-de-Seine), il a pour mission « d’apporter un appui technique aux organisations de consommateurs » et « de produire et diffuser des informations, études, enquêtes et essais comparatifs auprès du grand public et des professionnels ».

Depuis 1970, 60 millions de consommateurs constitue la vitrine la plus connue de cet établissement. Revue pionnière de la consommation responsable, elle compte près de 80.000 abonnés et entre 20.000 et 30.000 ventes en kiosque chaque mois. Son modèle repose sur un principe d’indépendance absolue, sans publicité, financé par la vente des numéros et des études comparatives qu’elle publie. (...)

Une liquidation programmée au nom des finances publiques

D’après le document budgétaire, la situation financière de l’établissement est jugée « de plus en plus dégradée, avec un déficit d’exploitation croissant », et des perspectives de redressement « faibles ». Le texte estime qu’une relance, qualifiée de « solution dite de rebond », présenterait « un coût très élevé » et ne garantirait « aucun retour à l’équilibre ».

L’État privilégie donc une cession de l’activité de presse à un acteur privé, tout en procédant à la dissolution de l’établissement public. Des démarches de recherche de repreneur ont déjà été entamées et seront poursuivies par le futur liquidateur. En cas de vente, « la commission des participations et transferts » devra « émettre un avis sur la procédure », selon le document.

Cette orientation met fin à des mois d’incertitude, après l’annonce, en 2023, de la volonté gouvernementale de céder le titre à un repreneur.
Les salariés dénoncent un « sacrifice » injustifié

À l’INC, la colère gronde. Pour Lionel Maugain, délégué du SNME-CFDT, la décision du gouvernement n’est qu’un « sacrifice » fondé sur des « raisons budgétaires pas du tout convaincantes ». Il précise : « Avec un déficit de 719.000 euros en 2024 pour un chiffre d’affaires de 11,6 millions d’euros, ce n’est pas l’INC qui ruine les finances de la France. »

Le syndicaliste annonce une mobilisation auprès des parlementaires (...)

Il rappelle aussi que 60 millions de consommateurs assure près des deux tiers des recettes de l’établissement, mais que son modèle économique, fondé sur la neutralité publicitaire, le rend difficilement compatible avec une logique purement marchande. (...)

Les réactions ne se limitent pas aux salariés. Dans un communiqué publié début octobre, une douzaine d’associations de consommateurs — parmi lesquelles Foodwatch, l’Union nationale des associations familiales (Unaf) et Indecosa-CGT — ont dénoncé une décision aux conséquences potentiellement graves pour les citoyens. Selon elles, « la santé et la sécurité des consommateurs sont en jeu ».

L’Indecosa-CGT appelle même « à la mobilisation la plus large pour la sauvegarde » des agences et organismes publics comme l’INC, qui « jouent un rôle majeur » dans la protection et l’information du consommateur. (...)

Un magazine à vendre

L’avenir de 60 millions de consommateurs dépend désormais de la recherche d’un repreneur. Le gouvernement souhaite confier l’activité de presse à un acteur privé, mais les perspectives restent floues. La question de la préservation de son indépendance éditoriale se pose déjà avec acuité.

Fin 2024, l’association UFC-Que Choisir avait exprimé son intérêt pour un éventuel rachat du magazine, tout en précisant qu’elle ne souhaitait pas « le faire tout seul ». Aucun projet concret n’a, pour l’instant, émergé.