Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Reporterre
Créer des mares pour réconcilier agriculture et biodiversité
#mares #agriculture #biodiversite #ecosystemes
Article mis en ligne le 5 février 2025
dernière modification le 3 février 2025

Alors que les zones humides sont menacées, des agriculteurs et des naturalistes s’attellent à recréer des mares au cœur des fermes.

(...) un attrait économique. « Dans un contexte de surproduction, il faut arriver à valoriser nos bouteilles. Quand on explique à nos clients qu’en plus d’être en bio, on favorise la biodiversité, ça leur parle. » En plus du petit étang, le vigneron entretient des haies et laisse des prairies en jachère. (...)

Autre atout de la zone humide, et non des moindres : elle permettra de lutter contre le ver de la grappe, cette chenille vorace accro aux grains de raisin. Comment ? « La mare attire de nombreux insectes, qui eux-mêmes servent de nourriture aux chauves-souris », dit Elia Clauzure. Et à votre avis, de quoi raffolent les chiroptères ?

« Ce sont de précieux auxiliaires de culture », ajoute la naturaliste. Autant de raisons qui ont convaincu Benoît Gil de décaisser un bout de champ, avec l’aide de la LPO et de subventions européennes et régionales. « Pour les agriculteurs, c’est une opération au pire “nette”, au mieux bénéfique », dit Elia Clauzure. En clair : ils n’ont rien à débourser et presque rien à faire. (...)

Bâche en plastique épais et géotextile pour tapisser le fond et retenir l’eau, petite pelleteuse afin d’excaver la terre. « Il faut créer une diversité de profondeurs qui permettront à différentes espèces de s’installer, en créant des marches, des pentes plus ou moins raides », détaille-t-elle. Nul besoin d’introduire rainettes ou roseaux, bien au contraire : si la mare est accueillante, le vivant viendra prendre sa place « en quelques mois seulement » (...)

« Les collègues, surtout ceux en cave coopérative, ont des contraintes énormes de rendement. Pour eux, c’est compliqué de penser à la biodiversité, ce n’est pas une priorité. » (...)

Elia Clauzure préfère aussi voir la mare à moitié pleine : « Il y a quatre ans, aucun agriculteur ne nous connaissait. Maintenant, on travaille avec une trentaine d’entre eux, et j’ai plus de demandes que de temps pour y répondre ! »

Elle aspire ainsi, peu à peu, à retisser des liens entre monde paysan et mondes sauvages. « En un siècle, entre un tiers et la moitié des mares ont disparu, comblées volontairement ou involontairement, souligne-t-elle. Mais quand on voit combien il est facile de recréer ces zones humides, et comment le vivant revient vite, ça donne des raisons d’espérer ! »