
Fait très inhabituel pour les conférences de l’ONU pour le climat, la société civile n’a pas eu le droit d’organiser sa traditionnelle manifestation cette année, à la COP29. L’ONU et le pays hôte du sommet, l’Azerbaïdjan, ont estimé que l’espace était trop étroit et qu’une marche gênerait les négociations en cours, alors que Bakou est accusé de museler les voix dissonantes. En réaction, quelques centaines de militants ont improvisé un sit-in, contraints de murmurer et de brandir leurs pancartes en silence.
Les règles onusiennes sont strictes sur ce qui est autorisé ou non pendant les COP. Sans feu vert pour la marche climat, la société civile a donc dû imaginer des alternatives pour cette COP29, qui se tient à Bakou, en Azerbaïdjan. « On doit être assez silencieux. On a le droit de murmurer, on a le droit de claquer des doigts, mais surtout ce qu’on fait, c’est une chaîne humaine géante tout au long du hall de la COP, pour que tous les négociateurs qui passent puissent voir nos messages », constate Teresa Anderson, d’ActionAid international.
La militante tire derrière elle une immense banderole. « C’est une facture de 5 000 milliards de dollars qui chiffre les besoins des pays du sud pour faire face au changement climatique et le coût des dommages après une catastrophe. C’est une facture qu’on adresse à ceux qui sont à l’origine de cette crise pour leur dire : "Hey ! Vous devez rembourser pour les dégâts que vous avez causés !" », décrit-elle.
Le long de la file, le jeune militant Prias porte un faux bâillon, comme pour l’empêcher de parler. « Je viens du Népal, un pays des montagnes. On endure beaucoup de catastrophes climatiques. Et là, ils ne nous permettent pas d’en parler ! Ils peuvent toujours nous réduire au silence, mais pas nos efforts, nos difficultés et notre combat », assure-t-il.
« Ils veulent que nous mourrions en silence ! C’est fou ! »
Ce combat partagé est par Erik Njuguna, explique ce Kényan : « Mon pays est en première ligne face au changement climatique. Le Kenya vient de subir une terrible année, avec de graves inondations qui ont affecté tellement de personnes, et on a besoin d’argent pour s’adapter ! Les pays du nord doivent passer à la caisse ! » (...)
Les pays africains en première ligne face au changement climatique
Appolinaire Zagabe Kamanyula, directeur exécutif du Réseau sur le changement climatique en République Démocratique (RDC) constate que l’Afrique est en première ligne face au changement climatique. Il demande que les pays du Nord, principaux pollueurs et responsables pour le changement climatique, respectent leurs engagements envers des pays du Sud, qui payent d’ores et déjà les conséquences de ce réchauffement. « Il y a des inondations dans plusieurs pays, il y a déjà des réfugiés climatiques qui se manifestent, il y a aussi l’insécurité alimentaire que nous subissons », constate-t-il.
Mais dans les salles de négociation, à deux pas, les discussions piétinent toujours autour de l’aide climatique à apporter aux pays pauvres. (...)