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là-bas si j’y suis/Daniel Mermet
Conseil national de la Résistance : ils savaient que c’était impossible alors ils l’ont fait
#CNR
Article mis en ligne le 21 mai 2024
dernière modification le 13 mai 2024

En pleine guerre ils imaginent l’après, et la paix, tout en organisant la Résistance et ses élans éparpillés

Ils ont des convictions différentes et même opposées, mais ils ont un point commun essentiel, la Résistance avec une majuscule. Ils construisent un programme « qui combat et qui prévoit ». Ils empruntent le titre d’une chanson américaine, « Happy Days Are Here Again », qui résume génialement leur projet : LES JOURS HEUREUX.

Cette année le programme du Conseil National de la Résistance célèbre ses 80 ans. Un anniversaire pas trop célébré au pays de Macron mais pourtant, un évènement qui a apporté, selon un certain général de Gaulle, « des changements d’une portée immense » : la Sécurité sociale pour tous, la retraite pour les vieux travailleurs, les services publics, entre autres. Des choses qui nous semblent normales aujourd’hui, et dont nous ignorons l’histoire, mais qui ont été obtenues de haute lutte, alors que le pays était totalement en ruine à la Libération.

Aujourd’hui, au pays de Macron, septième puissance économique mondiale, on ne pourrait plus assurer la solidarité pour toutes et tous. Une inlassable propagande nous a mis ça dans la tête comme une évidence depuis des années. Une doxa, quelque chose qui va de soi, qui ne se discute pas.

C’est cette même doxa que les résistants du CNR ont mise à nu, victorieusement. (...)

Ils parviennent notamment, ensemble à souhaiter « l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie. » (...)

Voilà qui pourrait résumer ces 80 années, c’est le programme de la revanche du grand patronat collabo, méthodiquement par tous les moyens, think-tanks, lobbies, sondages, médias... Privatisation, délocalisation, destruction de la force ouvrière, ils n’ont pas cessé de mener cette guerre.

Et là, ils vous accusent évidement de complotisme. Sauf que l’un d’eux, Denis Kessler, vend la mèche à la revue Challenges en octobre 2007 :
« Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance ». (...)

Aujourd’hui ces « féodalités économiques et financières » tiennent le gouvernail du monde. Chez nous elles sont parfaitement compatibles avec l’extrême droite de Marine Le Pen et d’Eric Zemmour. Le capitalisme a toujours été facho-compatible. (...)

nous voila passé de l’opposition sociale à l’opposition raciale, du mépris de classe au mépris de race. Il faut dire que depuis des années le bilan des luttes sociales est bien maigre. Depuis les gilets jaunes jusqu’aux énormes manifs contre la réforme des retraites, rien n’a été concédé, pas la moindre miette. On en conclut que la lutte sociale ne mène à rien, c’est une impasse. Et on glisse vers une autre adversité, la plus ancienne au monde, celle du bouc émissaire, celle de l’étrange étranger comme cause de nos malheurs, la menace du grand remplacement, aujourd’hui l’arabe, demain à nouveau le juif, comme hier le rital, le polak, l’espingouin, le manouche...

En bouchant toutes les issues de la contestation sociale, Macron, le président des riches, favorise l’extrême droite pour le plus grand bonheur de son monde. (...)

Il y a 20 ans, pour célébrer les 60 ans du programme du CNR, l’association ATTAC avait réuni quelques-uns des acteurs de cette aventure, avec Giv Anquetil nous étions allés à leur rencontre.

Tous sont disparus aujourd’hui, mais ils sont là.

Cette rediffusion est un hommage et veut être une piqûre de rappel