
Ils seraient plusieurs centaines. Selon une enquête, que nous avons pu consulter, qui sera publiée le 18 mars par Reporters sans frontières (RSF), au moins cinq cents journalistes auraient signé des clauses de « confidentialité », de « non-dénigrement » ou encore de « loyauté » avant de quitter l’un des médias contrôlés par le groupe Bolloré ou en passe de l’être (Canal +, i-Télé devenue CNews, Paris Match, Europe 1, Le JDD, Prisma Media…) depuis 2015.
« Ces clauses aux contours très flous et sans limites dans le temps condamnent les journalistes au silence à vie, sans qu’ils puissent témoigner des possibles brutalités ou dysfonctionnements qui se passent dans ces sociétés, déplore Thibaut Bruttin, secrétaire général de RSF. Aujourd’hui en France, le droit des entreprises de protéger leur image prime sur le principe fondamental du droit du public à être informé. » (...)
ils sont pourtant deux à témoigner à visage découvert des dérives de ces dispositions : Jean-Baptiste Rivoire, ex-rédacteur en chef adjoint de Spécial investigation, sur Canal +, et Caroline Fontaine, ancienne élue de la Société des journalistes de Paris Match. Le premier, qui a quitté Canal + en 2021 après avoir signé ce type de clause, a été attaqué aux prud’hommes après son témoignage dans un précédent documentaire de RSF sur Vincent Bolloré, Le Système B – condamné en 2024 à rembourser 151 000 euros, il a fait appel. Refusant de négocier, la seconde a été licenciée, licenciement qu’elle a ensuite contesté aux prud’hommes. Résultat : ses anciens collègues ne peuvent pas témoigner en sa faveur, car ils sont eux-mêmes tenus par ces fameuses clauses ! (...)