
Les attaques du mouvement islamiste Hamas ont suscité une vague de condamnation des pays occidentaux. Mais, dans le reste du monde, les attitudes varient, de la neutralité aux appels à la désescalade, en passant par un soutien total aux Palestiniens.
Les présidents états-uniens Barack Obama et Donald Trump, obsédés par la rivalité chinoise, pensaient « mettre à distance le Moyen-Orient », rompant ainsi avec une politique traditionnelle d’engagement. Les attaques du Hamas du samedi 7 octobre et la réponse israélienne obligent leur successeur, Joe Biden, à se rapprocher de cette question. Jeudi matin, son chef de la diplomatie, le secrétaire d’État Antony Blinken, est arrivé en Israël.
Après avoir rencontré à huis clos le premier ministre Benyamin Nétanyahou sur une base militaire de Tel-Aviv, il a apporté son soutien à Israël devant les médias. (...)
Vendredi 13, il doit se rendre en Jordanie pour se réunir avec le chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, selon un dirigeant palestinien. Il est également attendu au Qatar vendredi, pour des discussions avec les dirigeants qataris sur le Hamas. (...)
Washington est au côté d’Israël, prêt à lui apporter une aide militaire, avait déclaré mardi le président Joe Biden. Il a également indiqué qu’il avait discuté avec la France, l’Allemagne, l’Italie et la Grande-Bretagne pour « coordonner une réponse en commun ».
Cependant, comme sur la question de la guerre en Ukraine, on retrouve une fracture, au sein de la communauté internationale, entre un camp occidental, formé de Washington et de ses alliés, à la fois en Europe et en Asie (Japon, Corée du Sud, Nouvelle-Zélande, Australie), et le reste du monde, où les attitudes varient d’un positionnement neutre – Pékin n’a pas condamné les attaques du Hamas et a appelé « les parties concernées à rester calmes, à faire preuve de retenue et à mettre fin immédiatement aux hostilités » – aux appels à la désescalade, en passant par un soutien total aux Palestinien·nes, celui du Venezuela.
L’Union européenne soutient Israël mais rappelle le droit international
L’Union européenne (UE) a également déclaré soutenir Israël, tout en s’opposant au blocus de Gaza et en rappelant que cela devait se faire en conformité avec le droit international. (...)
Les Vingt-Sept se sont en outre dits favorables à l’ouverture d’un corridor humanitaire afin de permettre l’évacuation vers l’Égypte des civils fuyant les bombardements, a encore assuré le chef de la diplomatie européenne. (...)
Les ministres européens des affaires étrangères, certains sur place à Oman et d’autres en visioconférence, se sont également prononcés, à l’exception de ceux de « deux ou trois » États membres, pour la poursuite de l’aide européenne à l’Autorité palestinienne, distincte du Hamas.
« Le Hamas est une organisation terroriste, l’Autorité palestinienne, c’est autre chose, c’est un partenaire, a insisté Josep Borrell. Tous les Palestiniens ne sont pas des terroristes [...]. Une punition collective à l’encontre des Palestiniens serait injuste et contre-productive. »
L’UE a annoncé un « réexamen » de son aide au développement en faveur des Palestiniens et Palestiniennes mais celui-ci « ne doit pas être une excuse pour retarder notre coopération avec l’Autorité palestinienne », y compris en ce qui concerne les paiements encore à effectuer, a-t-il estimé. Cette révision doit donc se faire « dans les plus brefs délais », a-t-il encore déclaré. Et, en attendant, il faudra augmenter l’aide humanitaire face à la crise qui s’annonce, a averti Josep Borrell.
Mercredi, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a précisé que « le financement de l’UE n’a jamais été et ne sera jamais destiné au Hamas ou à toute autre entité terroriste ». « Nous allons donc réexaminer l’ensemble de notre portefeuille à la lumière de l’évolution de la situation sur le terrain », a-t-elle poursuivi. (...)
L’UE doit aussi envisager quel pourrait être un « après » pour Israël et les Palestinien·nes : « Nous devons travailler à rendre viable » un accord reposant sur deux États, un israélien et un palestinien, parce que « nous ne connaissons pas d’autre solution », a relevé Josep Borrell.
Cette solution semble néanmoins encore très lointaine : conviés par Josep Borrell, les ministres israélien et palestinien des affaires étrangères, respectivement Eli Cohen et Riyad al-Maliki, ont finalement renoncé à participer à la réunion des Vingt-Sept, après avoir pourtant accepté l’invitation.
Un test pour les pays arabes signataires des accords d’Abraham (...)
Les Émirats arabes unis ont condamné, le 8 octobre, l’enlèvement d’otages israéliens et décrit l’attaque du Hamas comme une « sérieuse et grave escalade ». Bahreïn a fait de même le 9 octobre. (...)
L’État marocain s’en est, pour sa part, tenu à une forme de neutralité. Rabat a ainsi condamné « les attaques contre les civils d’où qu’ils soient » et appelé à un « arrêt immédiat de tous les actes de violences ». L’un des partis marocains d’opposition, le Parti de la justice et du développement (PJD), a de son côté qualifié d’« héroïque » l’opération du Hamas.
Les attentes sont grandes autour de ces pays. (...)
La position de ces pays, naviguant entre leurs obligations diplomatiques et la sensibilité (réelle ou supposée) de leurs opinions publiques, risque, de l’avis de nombreux observateurs, de se compliquer encore au fil des probables représailles israéliennes. (...)
En Afrique, des mouvements contradictoires (...)
Ses 55 États sont historiquement largement mobilisés par la cause palestinienne, mais sont eux-mêmes confrontés à des organisations puisant dans les modes d’action terroristes (avec les groupes djihadistes du Sahel ou encore les al-Shabaab somaliens au Kenya), et beaucoup ont récemment resserré leurs liens avec Israël.
Parmi les États du continent à avoir exprimé le plus vivement leur soutien à l’État hébreu, le Kenya a, par la voix de son président William Ruto, déclaré qu’il « n’exist[ait] aucune justification au terrorisme, qui constitue une menace sérieuse à la paix et à la sécurité internationale ».
Autre État au poids démographique et diplomatique majeur, l’Afrique du Sud a publié un communiqué au ton nettement différent, exprimant sa « profonde inquiétude » face à la « récente escalade » du conflit israélo-palestinien, estimant que « cette nouvelle conflagration résulte de la poursuite de l’occupation illégale des terres palestiniennes, de l’expansion continue des colonies, de la profanation de la mosquée al-Aqsa et des lieux saints chrétiens, ainsi que de l’oppression permanente du peuple palestinien ».
La Russie dénonce le rôle de Washington (...)
Selon les expert·es, la guerre menée par Israël contre le Hamas peut aussi profiter à Moscou sur le front ukrainien, car les Américains seront occupés par le Proche-Orient pour un temps. Mardi, le site Politico jugeait que les attaques du Hamas, perpétrées le jour des 71 ans du dirigeant russe, étaient un « cadeau pour Poutine », « dont la priorité stratégique est de détourner le soutien et l’attention de l’Occident de l’Ukraine ». (...)
L’ONU condamne les meurtres du Hamas et s’inquiète des frappes contre les civils à Gaza (...)
Le pape « très préoccupé » (...)