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France24/Infomigrants
à Bruxelles, une clinique pour se reconstruire après l’excision
#excision #femmes #migrantes #immigration
Article mis en ligne le 28 novembre 2024
dernière modification le 24 novembre 2024

L’excision touche 130 millions de femmes dans le monde, et dans certains pays d’Afrique comme la Guinée, la Somalie ou l’Érythrée, plus de 90 % des femmes sont concernées. À Bruxelles, une clinique propose à des femmes en exil de se reconstruire. Une enquête de Marlène Panara, journaliste pour InfoMigrants.

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 (RTBF)
Se reconstruire après une excision : quel accompagnement en Belgique ?

Selon une enquête commandée par les autorités Belges en 2022, 23.000 femmes excisées vivent en Belgique, soit une augmentation de 45% depuis 2016. Le Centre Médical d’Aide aux Victimes de l’excision à Bruxelles propose une reconstruction qui peut s’avérer longue et complexe. Le Dr Martin Caillet, chef de clinique au département de gynécologie obstétrique du CHU St Pierre et Habibata Ouarme, coréalisatrice du film
Koromousso Grande sœur étaient les invités de Tendances Première.
Une sexualité taboue

Dans le monde, les mutilations génitales féminines concernent plus de 230 millions de jeunes filles et de femmes. Et pourtant, ce sujet reste méconnu et tabou. "Cette population grandit d’année en année et arrive en Belgique. On n’a évidemment pas pratiqué l’excision sur notre sol" explique le Dr Martin Caillet.

Avec Koromousso Grande sœur, Habibata Ouarme, cinéaste canadienne d’origine ivoiro-burkinabè souhaitait, en plus de l’excision, parler aussi de la sexualité des femmes africaines : "Malheureusement dans ma communauté africaine, il est difficile de parler de sexualité. L’excision est très présente. Cela rend la tâche doublement difficile si j’ose dire. Dans le film, on voit des femmes qui osent parler de leur sexualité et de ce qui ne va pas".

On recense 20.000 fillettes excisées par jour dans le monde avec une mortalité lors de cette pratique dont on ne parle pas. L’explication est la peur du plaisir féminin, la soumission de la femme et le contrôle de sa sexualité comme l’explique la cinéaste : "La femme n’a pas droit à son plaisir sexuel, sinon, elle est vue comme une prostituée. L’homme se sent valorisé. Elle est censée être pieuse et la vertu de la communauté passe par elle. Pour ne pas être accusées de ne pas bien élever et éduquer les enfants, les femmes sont obligées de pratiquer l’excision sur leurs filles pour espérer leur mariage et valoriser le nom de famille de son mari".

Un vécu traumatique qui inclut d’autres violences

Un geste culturellement ancré (...)

Le courage d’oser en parler

Comme le rapporte Habibata Ouarme, une femme qui parle est une femme dont la famille dira qu’elle leur fait honte, qu’elle renie sa culture : "Il faut beaucoup de courage pour oser témoigner […] Pourquoi vouloir enlever une partie de cette personne pour la rendre pieuse ? Cela veut dire que Dieu n’a pas créé un humain parfait ? […] C’est dommage que la religion soit encore utilisée pour pratiquer l’excision".

La plupart des pays qui pratiquent ces excisions sont des pays où l’Islam est pratiqué relève la réalisatrice (...)

Accueillir la souffrance et redonner confiance

Comment réparer ces femmes après cet événement traumatique ? Avec cette souffrance causée par une lame, il ne sera pas possible de l’effacer en utilisant à nouveau un bistouri et une lame, selon Dr Martin Caillet : "Dans la très grande majorité des femmes qui viennent nous voir, elles ont avant tout des difficultés sexuelles […] Elles vont d’abord se décharger d’un fardeau s’il y a eu trauma. Apprendre à digérer ce qui leur est arrivé et avec notre sexologue, elles vont vraiment apprendre à se déculpabiliser. On leur a dit toute leur vie qu’elles étaient sales, indignes et incompétentes. Elles vont apprendre à prendre conscience qu’elles sont formidables comme les autres et qu’elles ont tout ce qu’il faut pour que tout fonctionne extrêmement bien, ce qui est très souvent le cas. La chirurgie du clitoris, on la réalise assez peu parce que les dames ont leur propre ressource".

Il souligne que cette recherche d’intégrité corporelle s’effectue avec une opération non pas plastique, mais plutôt symbolique. (...)

► Découvrez l’intégralité de ce dossier dans le podcast de Tendances Première ci-dessus.