
Basée à Paris, la chaîne satellite Begum TV redonne espoir aux Afghanes privées de leurs droits par les Taliban. La rédaction, composée de journalistes afghanes en exil, propose des programmes éducatifs et de divertissement. Un média d’autant plus précieux qu’à Kaboul, les autorités viennent d’interdire radio Begum, l’un des derniers médias destinés aux femmes.
Comment imaginer que derrière les murs d’un immeuble parisien se cache l’un des derniers espoirs auquel peuvent encore s’accrocher les jeunes Afghanes, privées de la plupart de leurs droits par les Taliban ? Depuis le 8 mars 2024, Begum TV a investi la capitale française pour émettre 24 h sur 24 . Une chaîne satellite faite par des Afghanes pour les Afghanes.
"Pour les femmes, c’est la seule fenêtre d’ouverture sur le monde, le seul moyen de se distraire", explique Hamida Aman, journaliste suisso-afghane à l’origine de Begum Organization for Women (BOW). Femme d’expérience, cela fait vingt ans que cette entrepreneure mène des projets audiovisuels et éducatifs destinés à l’Afghanistan où près d’un foyer sur deux est équipé d’une parabole, d’après une étude de BBC Media survey datant de 2023.
Sur Begum TV, les jeunes Afghanes peuvent retrouver six heures de programmes éducatifs chaque jour. Du collège jusqu’à la terminale, tous les cours en dari et en pachto – les deux langues parlées dans le pays – ont été enregistrés. Ils sont diffusés plusieurs fois dans la journée, offrant aux filles bannies des écoles une chance d’étudier. Le média publie aussi des cours en ligne et proposera bientôt une application mobile.
Depuis le retour au pouvoir des Taliban en 2021, les droits et libertés des femmes se sont considérablement détériorés. L’éducation des filles est interdite après l’école primaire, les femmes n’ont plus le droit de sortir seules, ni même d’aller au parc, dans les salles de sport ou d’aller chez le coiffeur. Elles sont bannies de la plupart des aspects de la vie publique. Et depuis peu, elles n’ont plus le droit de chanter et de déclamer de la poésie.
Une loi annoncée fin juillet les incite aussi à "voiler" leur voix et leurs corps hors de chez elles. Si certaines radios et télévisions locales ont déjà cessé de diffuser des voix féminines, sur Begum TV leur voix continue de résonner.
Pour Hamida Aman, ce média, financé par une ONG, est "une fenêtre pour respirer". "La nouvelle génération de filles afghanes qui nous regarde est celle qui est en train de grandir sous le régime des Taliban. Ce que l’on veut, c’est qu’elles gardent espoir. On essaie de leur mettre du baume au cœur pour qu’elles sachent que tout n’est pas perdu".
Des émissions de santé pour les femmes
En plus des cours, la chaîne diffuse une large gamme de programmes allant du divertissement à des émissions abordant les problèmes médicaux et la santé mentale. (...)