
Des affaires Pellerin à Palmade, la cocaïne occupe les gros titres de ce début d’année. D’aucuns s’alarment voire cèdent à une certaine panique et évoquent une « épidémie ». Le terme est-il exact et pertinent ? Qu’en est-il exactement de la consommation en France ? Faisons le point en gardant la tête froide.
Pas de données épidémiologiques
« Le terme “épidémie” est assez mal choisi dans le sens où il désigne un fait de santé. Cela rajoute au sensationnalisme pour parler d’un marché et d’un produit qui se diffuse dans la société. Il s’agit de tout sauf d’un virus contre lequel on pourrait vacciner », réagit d’emblée Christian Andreo, administrateur de l’Association Gaïa, spécialisée dans la réduction des risques et l’accès aux soins des usagers de drogues.
Un terme que réfute également le Dr Romain Icick, psychiatre et addictologue à l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris et chercheur à l’Inserm U1144. (...)
« Qui dit “épidémie” dit maladie. Or, la consommation de substances n’est pas une maladie. L’addiction, elle, est une maladie, mais faute d’étude épidémiologique de qualité en France sur le sujet, il est impossible de dire qu’il y aurait une “épidémie” d’addiction à la cocaïne. Pour arriver à cette conclusion, nous aurions besoin que soit menée une étude construite sur un échantillonnage de la population qui serait soumise à des questionnaires évaluant leurs addictions. » (...)
Les données sur les eaux usées municipales des villes européennes effectuant de telles mesures révèlent globalement une augmentation des résidus de cocaïne en 2021 après une baisse relative durant l’année 2020. « L’offre est dynamique avec des niveaux record de produits en circulation, commente Ivana Obradovic. La teneur moyenne en produit actif a augmenté et les prix ont baissé : un gramme coûte aujourd’hui entre 50 et 70 euros, soit quatre fois moins qu’il y a trente ans. » (...)
selon une étude menée sur le littoral atlantique par le Service de santé des gens de mer, étaient près de 8% à être testés positifs à la cocaïne en 2013. Le constat est le même dans les secteurs de l’agriculture ou de la restauration : « Tenir au travail, supporter des cadences difficiles est une des motivations à prendre de la cocaïne », indique Ivana Obradovic. Elle note toutefois que cette démocratisation ne semble pas affecter les mineurs et concerne avant tout la tranche d’âge 26-44 ans. (...)
le nombre de personnes qui viennent dans les Centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) a doublé en dix ans » (...)
« On se focalise souvent sur les effets physiques, mais il faut aussi parler du risque social. Beaucoup de décisions sont prises sous l’emprise de produits, y compris dans les sphères importantes », signale Christian Andreo. (...)
Tout cela plaide pour une information raisonnée et raisonnable, une prévention de qualité, ainsi que des recherches et des financements pour améliorer l’accompagnement des usagers dans une perspective de réduction des risques.Tout cela plaide pour une information raisonnée et raisonnable, une prévention de qualité, ainsi que des recherches et des financements pour améliorer l’accompagnement des usagers dans une perspective de réduction des risques.