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Vieillir
samedi 3 août - par Alinea
Article mis en ligne le 9 août 2013
dernière modification le 3 août 2013

Lassitude de répéter à l’envi des actes quotidiens qui n’excitent plus guère ; l’usure de faire les cents pas devant les barrières que l’on n’a pas pu soulever. Résignation après avoir acquiescé au déclin de ses rêves ; dessiller.

On vieillit dès l’âge mûr entamé mais on ne le sait pas. Vieillir s’apprend par à coup, parce que ce sont les coups qui font vieillir. On s’arrête un instant et on se souvient, c’est par la perspective que l’on se sent vieilli car pour le reste, à chaque âge, la conscience qui convient.

Vieillir n’a sans doute jamais été une joie à venir, ni même un but à atteindre ; quand on est jeune, dans le moment présent, la vieillesse est pour les grands-parents, pour les parents, pour les autres. (...)

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On devient méchant comme révolte à la décrépitude ; ou l’on s’adoucit comme fatigue de ses combats. Ou bien on s’adapte à ce nouveau rôle en faisant encore un peu croire à sa maîtrise, mais rares sont ceux qui veulent passer un flambeau, faire lien avec l’avenir dont ils seront exclus.

C’est pourtant là que réside la beauté de la vieillesse, dans cette expérience qui rend compréhensif et qui veut donner.

Rien n’est plus terrible aujourd’hui que de refuser ou de ne pas susciter les paroles des anciens ; la seule chose qui semble rester c’est la ringardise reprochée, comme une entrave à l’égoïsme, aux caprices, à la déroute programmée. Une espèce de regard qui juge et qui gêne !

Car le jeune n’a rien à apprendre, il sait ; on le lui a toujours laissé croire, c’est pourquoi il apprécie l’aïeul(e) qui se met à l’ordinateur, qui s’intéresse à la variété, qui s’accroche au monde avec une curiosité sans jugement.

La nostalgie est reprochée aux vieux qui ne sont plus alors que des rabat-joie. Si le vieux n’est pas jeune, il ne vaut rien ; ainsi les liens entre générations s’inversent : l’ignorance excitée, qui peut être arrogance, habitera l’ancêtre qui veut encore se faire aimer. (...)