
Ce n’est plus seulement les pays du Sud de l’Europe qui sont touchés, mais les trois principales banques françaises((BNP, Société Générale et Crédit Agricole)). Elles avouent posséder des créances sur la Grèce de respectivement de 5 milliards, 2,7 milliards et 600 millions d’euros. Mais combien sur le Portugal, l’Espagne et l’Italie ? Sans doute des dizaines de milliards au moins.
Car bien évidemment, ces banques n’ont gagné dans un premier temps de l’argent — sur le papier — qu’en spéculant sur les dettes souveraines des pays du Sud. Les apprentis sorciers que sont les dirigeants de ces banques, mélangeant allégrement le dépôt et la banque d’affaires, n’ont pas prévu la possibilité d’un défaut partiel de paiement de la Grèce… pour commencer le festival. Il n’est d’ailleurs même pas sûr que les CDS1, dernière sécurité du système, puissent fonctionner !
Il faut en déduire que les « crashs-tests », qui ont soi-disant vérifié la solidité des banques, sont en fait des assurances « pour gogos en péril ».
Relisez les programmes et les discours des partis et de leurs dirigeants français et analysez la situation économique et financière et sa crise systémique, voilà un exercice salutaire.
L’extrême droite tente comme dans toute crise profonde de développer sa ligne réactionnaire et nauséabonde. La droite, aux abois, tente avec des rustines de plus en plus couteuses pour les couches populaires (53 % de la population) et les couches moyennes intermédiaires (24 % de la population) de colmater les brèches produites par leurs politiques depuis près de 30 ans. La gauche ordo-libérale joue au jeu de la « patate chaude » décrit ci-dessus : ils préconisent de renvoyer cette dette sur une mutualisation européenne2. Et après, à qui pensent-ils donner « leur patate chaude » ? À l’ONU ? Au FMI ? À une association multilatérale interstellaire ? Disons-le tout net : les programmes votés par les partis sont sur ce point déjà obsolètes ! Quant à la gauche d’alternative qui part pourtant d’une analyse plus juste de la crise systémique, on ne l’entend pas beaucoup ni par ses candidats ni par ses organisations politiques alors que le feu arrive dans la maison.
Et pendant ce temps-là, que font nos élites ordo-libérales ?
Le gouvernement décide de lutter contre les cigarettes illégales ! La judiciarisation de la politique bat son plein ! Les dénonciations sur les financements occultes anciens et actuels de la politique fusent ! Le débat entre la droite d’une part et le PS et les écologistes d’autre part tourne autour de savoir si « la règle d’or » de l’austérité doit être votée aujourd’hui (UMP) ou l’année prochaine après les élections (la gauche et les écologistes) : c’est une honte ! (...)
Et pendant ce temps-là, on apprend que le nombre de pauvres a augmenté de 337.000 personnes entre 2008 et 2009, pour atteindre le chiffre de 8,17 millions de personnes, que le nombre de refus d’accès pour cause financière à la cantine scolaire augmente, que la sous-déclaration des accidents du travail et des maladies professionnelles augmente, que le nombre de décès dus au travail augmente, que la croissance des inégalités sociales scolaires et de santé s’accélère, que le besoin de logement social devient criant, que le chômage est en augmentation, que les élites gagnent de mieux en mieux leur vie, que 104.000 places de maternelle ont disparu depuis dix ans, etc.
La question devient : est-ce que l’indignation est aujourd’hui suffisante ?