Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Mediapart
Vendetta contre un procureur du PNF : Éric Dupond-Moretti est pris à son propre piège
Article mis en ligne le 22 septembre 2022

Le représentant du ministère de la justice n’a finalement réclamé aucune sanction, mercredi 21 septembre, contre un magistrat anticorruption poursuivi disciplinairement, Patrice Amar, l’une des bêtes noires de Nicolas Sarkozy et du garde des Sceaux.

L’expression était sur de nombreuses lèvres, mercredi 21 septembre, dans les couloirs du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) : « Tout ça pour ça ! » À l’issue de deux jours d’audience disciplinaire devant le CSM, le représentant du ministère de la justice n’a réclamé aucune sanction contre le procureur anticorruption Patrice Amar, l’une des bêtes noires de l’ancien président Nicolas Sarkozy et du garde des Sceaux en exercice, Éric Dupond-Moretti.

Il faut dire qu’à l’origine des poursuites visant le procureur du parquet national financier (PNF), il y avait un supposé scandale d’État dont le magistrat aurait été l’un des principaux rouages : la brève vérification par le PNF des factures téléphoniques de ténors du barreau de Paris pour essayer de trouver une taupe ayant pu prévenir Nicolas Sarkozy qu’il était sur écoute dans le dossier des financements libyens puis dans l’affaire Bismuth. (...)

Visé par ces vérifications téléphoniques, Éric Dupond-Moretti, alors avocat, avait dénoncé publiquement des méthodes de « barbouzes » et déposé plainte. Puis nommé ministre de la justice quelques semaines plus tard, le même Dupond-Moretti retirait d’une main sa plainte, mais lançait de l’autre une pré-enquête disciplinaire contre le procureur Amar et deux autres magistrats du PNF grâce aux pouvoirs gouvernementaux qui étaient désormais les siens.

Que reste-t-il du supposé scandale qui a fait couler tant d’encre ? Pénalement, rien : l’affaire fut classée sans suite, sans poursuite. Administrativement, pas plus : une enquête de l’inspection générale de la justice (IGJ) a conclu à l’absence de manquements déontologiques imputables au procureur Amar ; au contraire, le rapport vantait ses qualités professionnelles. (...)

En revanche, l’affaire s’est transformée en véritable boomerang pour Éric Dupond-Moretti, désormais mis en examen pour « prise illégale d’intérêts » devant la Cour de justice de la République (CJR) pour avoir utilisé les moyens de son ministère afin de régler des comptes personnels, politiques ou professionnels avec plusieurs magistrats, dont… Patrice Amar. (...)