
La proposition faite par certains membres de la Knesseth de déchoir l’arabe de son statut de langue officielle de l’État d’Israël constitue une démarche dénuée de sens et, qui plus est, une marque d’irrespect à l’égard de plus d’un million de citoyens israéliens dont la langue maternelle est l’arabe.
On comprend difficilement ce qui est passé par la tête de certains députés pour qu’ils proposent ce changement. Pourquoi témoigner d’un tel manque de respect envers nos concitoyens arabes à l’heure où le principal défi qui se pose à la société israélienne est de les intégrer en son sein et de faire en sorte qu’ils se sentent chez eux en Israël ? (...)
Il est vrai que la majeure partie des citoyens arabes d’Israël parle hébreu. Et il est malheureusement non moins vrai que la grande majorité des citoyens juifs d’Israël ne parle pas arabe. Et c’est justement cette asymétrie qui est à corriger.
On devrait apprendre aux élèves juifs à maîtriser la langue arabe. Le fait qu’on n’y soit pas parvenu durant toutes ces années représente un échec du système éducatif israélien. Cela n’est pas moins grave que le niveau relativement bas atteint par les élèves israéliens dans les tests scolaires internationaux.
(...)
Quand on s’intéresse aux mobiles ayant incité des membres de la Knesseth à impulser cette législation, on se demande s’ils n’avaient pas pour intention de « remettre les citoyens arabes d’Israël à leur place », de leur rappeler qu’ils sont une minorité, et de faire de l’infériorité du statut à accorder à leur langue maternelle un rappel permanent de ce fait.
On se souvient d’une autre tentative de « remise en place », lorsque l’ambassadeur de Turquie à Tel-Aviv fut installé sur un siège en contrebas au ministère israélien des Affaires Étrangères [1], voici quelques mois. Acte dégradant que tous regrettent aujourd’hui. Il serait préférable de ne pas répéter ce genre de vaines gesticulations.