
Ah là je suis perdu. Je n’y crois plus depuis longtemps je n’y ai jamais cru. Depuis les Manuscrits de 1844 et puis après plus rien. Est-ce à cause du Congrès de Tours ? Ou pire : Mencheviks et Bolcheviks. Ou Fabius contre Mauroy ? La gauche était-elle possible ? Ah, je suis perdu.
Je lis l’interview d’Angela Davis dans Télérama. C’est drôle Télérama. Il faut le lire pour le croire. Dans le numéro d’il y a quinze jours, Guy Debord à gauche, et une pub plein format à droite pour une bagnole à la con. Faut le voir pour le croire. Faut croire.
Je lis ce que dit Angela Davis. C’est du Michel Foucault en plus simple. Supprimer les prisons. Elles sont pleines de détenus noirs. Donc elles sont racistes. En plus, elles sont privées. Elles font du fric. Voilà donc c’est la gauche radicale américaine. En lisant les manuscrit de 1844, on peut y croire. La société utopique n’aurait pas de prison. Et l’on serait tous frères. D’ailleurs, il n’y aurait plus de Noirs. Ni de Blancs. On s’en fouterait complètement. Les gènes récessifs s’en donneraient à cœur joie. Ce serait bien. Il n’y aurait plus de patron, plus d’ouvriers. Ce serait un peu le bordel mais on ferait le patron et l’ouvrier chacun son tour, avec nos savoir-faire, sans hiérarchie. Fini HEC et l’ENA. Fini le LEP et mes copains qui faisaient espagnol. Angela Davis poursuit un rêve absurde à l’aune d’une vie humaine. Il faut être croyant pour ce genre de combat. Sur la page de droite de l’interview, une grosse publicité nous rappelle à l’ordre : le capitalisme règne. Angela, c’est juste du spectacle oublié. Vous changerez bien de bagnole ? Paiement en 100 fois et reprise de votre ancien véhicule.
La gauche a laissé tomber les prolos quand elle a compris que le monde en était si plein qu’il ne valait mieux pas perdre son temps avec eux (...)