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Une flottille d’alternatifs met le cap sur la COP 22
Article mis en ligne le 25 octobre 2016

À l’initiative d’associations des deux rives de la Méditerranée, l’Odyssée des alternatives cherche à mobiliser contre les inégalités devant le changement climatique. Plusieurs escales sont prévues dans ce voyage à la voile vers le Maroc et la COP22.

(...) Sur l’esplanade marine de La Seyne-sur-Mer, tout le monde s’agite en ce samedi 22 octobre au matin pour préparer le départ des deux voiliers de l’Odyssée des alternatives. L’équipée est surnommée « Ibn Battûta », du nom d’un explorateur marocain du XIVe siècle. Les deux bateaux comptent rejoindre Tanger, au Maroc, aux alentours du 9 novembre, juste après le début de la COP22, grande conférence sur le climat des Nations unies, organisée cette année à Marrakech entre le 7 et le 18 novembre. (...)

Depuis le 19 octobre, date du départ de la première étape à Barcelone, une quinzaine de navigateurs-trices ont embarqué sur les deux navires de la flottille. En 48 heures de mer, ils/elles ont déjà essuyé une tempête en arrivant de Barcelone : « Ça a tout de suite créé des liens forts, surtout pour des novices ! » rigole Jeanne, qui a très vite été emballée par le projet. La Seyne-sur-Mer est la deuxième escale de la traversée, avant Porto Torrès, en Sardaigne, Tunis, Alger et Oran, en Algérie, et enfin Tanger, au Maroc.

Pour Moncef, membre de la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR) et co-initiateur du voyage [1], « l’idée est partie de la rencontre de différents mouvements, autour de problématiques communes en Méditerranée, comme le gaz de schiste ou les migrations. On a besoin de solutions concrètes et collectives parce que, face au problème climatique, il y a pas 10.000 solutions : soit c’est la guerre, soit c’est la construction ».

Décloisonner les mouvements pour proposer des solutions concrètes, c’est la devise de cette Odyssée des alternatives.
(...)

La coordination Pas sans nous est elle aussi en pleine traversée... terrestre, et en France : partie de Marseille le 24 septembre, la tournée « Urgence pour les quartiers » entend faire remonter la parole et les priorités des habitant-e-s à travers le pays. Le climat, a expliqué Fatima, ne représente pas une priorité pour elle, « mais, si on veut la convergence, c’est maintenant ou jamais et même avec des gens qui sont pas des mêmes milieux que nous ». Si l’expérience mitigée de la Nuit debout dans un quartier de Marseille en a fait déchanter plus d’un-e sur les possibilités d’une convergence entre les mouvements écologistes et les mouvements de quartiers, la coordination Pas sans nous a quand même voulu retenter le coup (...)

En filigrane, c’est bien la question des conditions d’une convergence qui est posée : tout le monde peut-il se sentir concerné par les questions environnementales ? Interpeller les gouvernements et les médias sur la question climatique, oui, mais de quel point de vue, pour qui, et selon quelles priorités ? Pour Fatima, « ça commence par le respect mutuel et la reconnaissance de nos combats respectifs. Ce qu’on va voir maintenant, c’est, si, nous, on fait un truc, est-ce que ces gens viendront ? »

Dans les doutes et les incertitudes, des discussions informelles s’engagent autour d’une crêpe à la harissa et une salade bio. Le lien se fait alors que les voiliers filent vers la tempête.