
Expulsés vers la Belgique à bord d’un avion spécial, un couple de sans-papiers congolais et leurs deux enfants ont confié à l’AFP être immédiatement rentrés en France, une situation qui illustre, selon le Réseau éducation sans frontières (RESF), "l’absurdité" d’une pratique "brutale et ruineuse".
Le ministère de l’Intérieur a défendu pour sa part "une bonne application du Droit" dans le respect d’accords européens. "C’est sa responsabilité si cette famille a décidé de se placer en situation irrégulière", a déclaré l’entourage de Manuel Valls.
La famille Lungolo, originaire de République démocratique du Congo (RDC), a été interpellée mercredi dernier dans un hôtel social de Dinan (Côtes d’Armor) où elle était assignée à résidence.
"Les gendarmes sont venus à 05H30 pour nous arrêter, ils étaient huit", raconte le père, Cerif, 39 ans. Avec sa femme Judith et leurs fils - Dieu, 11 ans et Dany, 10 ans - ils sont priés de plier bagage rapidement.
Quelques heures plus tard, la famille se retrouve sur l’aéroport de Rennes, où un petit avion les attend avec une escorte de six policiers. "Pendant tout le vol, ils ont discuté, rigolé, alors que nous, on souffrait, ça m’a énervé", confie Dieu.
Direction : la Belgique où les Lungolo avaient déposé en 2012 une demande d’asile. Après son rejet, ils avaient tenté de s’établir en Bretagne cet été.
En vertu de règles européennes, la France doit renvoyer les demandeurs d’asile dans le pays où ils ont déposé leur première demande, sauf "pour des raisons humanitaires". Selon les derniers chiffres officiels, il y a eu 5.728 "réadmissions" vers un Etat-membre en 2011 sur un total de 32.912 expulsions.
Mais rien n’oblige la France à remettre les expulsés aux autorités à l’arrivée. Les parents Lungolo et leurs fils se sont ainsi retrouvés livrés à eux-mêmes à Bruxelles.
"Quatre expulsions d’un coup"
Rapidement prise en charge par des militants du RESF-Belgique, la famille est revenue en France, trois en voiture, un en train, dès lundi.
En l’absence de contrôle aux frontières, ils sont rentrés sans problème. "Mardi, on repart à Saint-Brieuc", où un collectif les soutient et "jeudi les enfants devraient être de retour à l’école", prévoient les parents, rencontrés à Paris.
A terme, ils espèrent une régularisation, soit à la faveur d’un réexamen de leur demande d’asile ou à titre exceptionnel. Ils misent sur une mobilisation autour de leur cas, d’où leur témoignage à visage découvert. (...)