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la Paix Maintenant
Une alliance blasphématoire : la droite israélienne et les antisémites européens
Article mis en ligne le 11 novembre 2011

« Si des politiques comme Le Pen ont troqué leur démoniaque ennemi juif pour l’immigré musulman criminel, ils n’en ont pas vraiment mis pour autant leur ADN idéologique au rebut, analyse ici Adar Primor – qui connaît bien l’extrême droite européenne pour en avoir interviewé la plupart des leaders, y compris Jean-Marie puis Marine Le Pen, publiant dans Ha’aretz à l’issue de ce dernier entretien un article intitulé : ”The Daughter as de-demonizer – La Fille pour dé-diabolisatrice. [1] »

Marine Le Pen a rafflé la mise, son entourage en témoigne. Elle a invité une centaine de diplomates à déjeuner la semaine dernière au cours d’une visite au siège des Nations unies à New York. Quatre ont accepté : c’étaient les envoyés de La Trinité et Tobago, de l’Arménie et de l’Uruguay, menu fretin à ses yeux ; mais l’arrivée du quatrième convive, l’ambassadeur d’Israël aux Nations unies, Ron Prosor, fit sensation, retournant son investissement au centuple. (...)

Aucun représentant officiel U.S. n’avait accepté de rencontrer la chef de file de l’extrême droite française. Non plus qu’aucun dirigeant communautaire juif. Sa tentative de mise en scène médiatique au Musée de l’Holocauste ayant échoué, elle laissa tomber la visite. L’ambassadeur de France aux Nations unies envoya un message incisif la déclarant persona non grata dans l’enceinte de l’Onu. Mais le délégué israélien ? Il lui serra la main et souligna comme il est important de s’ouvrir à un large éventail d’idées. « La diversité d’opinions fleurit chez nous », déclara Prosor, dont on a pu citer ces mots : « Nous avons parlé de l’Europe, entre autres questions, et j’ai beaucoup apprécié la conversation. » Avant même de pénétrer dans la salle où le déjeuner se tenait, il avait dit aux journalistes stupéfaits être « un homme libre ».

Le ministère des Affaires étrangères [d’Israël] plaide maintenant le malentendu ; l’ambassadeur « croyait assister à une manifestation organisée par la délégation française à l’Onu. Quand il prit conscience de son erreur, il sauta le repas et partit. » Les commentaires des internautes sur les grands sites français d’information étaient sarcastiques, usant en réaction de tous les équivalents français aux acronymes LOL et ROFL [2].

Nul ne voit là la main du hasard. Prosor est un professionnel confirmé.
(...)

Dans le courant de l’année écoulée, nous avons eu la visite, entre autres, du populiste néerlandais Geert Wilders, du raciste belge Filip Dewinter et du successeur autrichien de Jorg Haider, Heinz-Christian Strache.

Ces derniers, et Le Pen à leur instar, ont troqué leur démoniaque ennemi juif pour l’immigré musulman criminel.
(...)

Marine Le Pen elle-même a décidé de tirer un trait sur les provocations antisémites de son père, Jean-Marie. Elle veut faire du FN un parti de masse et légitime. (...)

Espérons que l’incident des Nations unies ne lui fera pas empocher des voix qui lui permettraient de répéter le coup de théâtre de son père en 2002, et de figurer au second tour de la prochaine présidentielle française. Il faut un désaveu formel et public de la part d’Israël afin d’empêcher un incident de parcours apparemment mineur ne se muer en accident de l’histoire.

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