
Que peut bien encore vouloir dire cette fameuse locution "un train de sénateur", popularisée par le fabuliste Jean de la Fontaine dans "le Lièvre et la Tortue" ?
Le Sénat est une vieille institution créée dès la république romaine, bien avant que les trains ne sifflent à travers nos campagnes, sous le regard placide de quelques bovidés désœuvrés.
On considère généralement le sénateur comme étant un vieux sage et l’Assemblée du Sénat comme un Conseil des Anciens, un rassemblement de gens dits expérimentés, aptes à orienter les lois de manière à préserver les institutions indispensables au bon fonctionnement de la société. "Sénat" vient d’ailleurs du latin "senex", mot qui signifie "vieux" et qui nous a aussi donné "sénile" ; mais duquel vient également le mot "seigneur".
Compte tenu de leur âge moyen, les sénateurs se déplacent à une allure lente, empreinte de la gravité que leur confère leur sagesse. Et comme n’importe quel dictionnaire digne de ce nom vous confirmera que le mot "allure" est un synonyme d’une des significations de "train", nous avons là l’explication de notre train de sénateur.
Parlons donc du vrai train de vie des sénateurs (343 sénateurs en France pour 100 aux États-Unis !) :
– une indemnité mensuelle de 5.514,68 euros,
– une allocation supplémentaire de résidence de 165,44 euros,
– une indemnité de fonction de 1.420,03 euros,
– une indemnité représentative de frais de mandat de 6.240,18 euros,
– une indemnité complémentaire de 11.600 euros pour les questeurs,
– et comme si ça ne suffisait pas le président Larcher avait proposé une prime annuelle de 3500 euros pour "rattrapage du coût de la vie" !
Certains sénateurs, qui occupent les plus hautes fonctions au Palais du Luxembourg, touchent en plus des suppléments de revenus allant de 700 à 5000 euros. Il leur suffit pour cela d’occuper une de ces hautes fonctions : président de groupe, de commission, secrétaire de bureau... pendant trois ans pour toucher plus tard un complément de retraite. Mais les cotisations sont très peu élevées, de l’ordre de quelques centaines d’euros seulement !
Grâce à ce système, certains sénateurs touchent ainsi plus de 10 000 euros de retraite mensuelle. Par exemple, Michel Charasse (PS), ancien questeur au Palais du Luxembourg, touche plus de 13 000 euros, qui s’additionnent à son indemnité de 12 000 euros au Conseil constitutionnel et à ses autres retraites…
Quant aux grands électeurs, collège électoral représentant environ 144 400 personnes qui élisent les sénateurs, ils ont droit en allant voter, ce qui est pour eux obligatoire, à une indemnité symbolique de 15,75 €, qu’ils pourraient refuser. Cela aurait été un geste significatif et exemplaire, dans ces temps de crises économiques et de récession, pour tout le monde, ou presque…
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