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Un projet de recherche sur l’exposition aux pesticides censuré par le gouvernement ?
Article mis en ligne le 13 octobre 2016

Les projets de recherche s’intéressant à l’exposition aux pesticides des salariés inquiètent-ils le gouvernement ? C’est l’interrogation d’une équipe de chercheurs – sociologues, géographes, médecins du travail, oncologues, généralistes, assistante sociale – qui vient de se voir refuser le financement d’une étude sur le sujet [1].

Leur recherche vise à étudier les parcours professionnels et résidentiels de patients de l’hôpital d’Avignon atteints de lymphomes, leucémies et myélomes, autant de formes de cancers qui pourraient être provoqués par une forte exposition aux pesticides. Plusieurs de ces patients sont travailleurs agricoles dans le Vaucluse où les vignobles, vergers et maraîchages sont souvent traités aux pesticides.

Présenté en juillet 2016, le programme de recherche a d’abord été classé comme prioritaire... avant d’être rejeté, sans plus d’explication. (...)

Le plan Ecophyto, lancé il y a huit ans et piloté par le ministère de l’Agriculture, vise à réduire l’usage des pesticides. Ce plan est pour l’instant un échec, se heurtant notamment à l’hostilité de la FNSEA. (...)

« Avec ce projet, notre équipe de recherche répond à une demande sociale cruciale, et jusqu’à présent non prise en compte en santé publique, celle de la mise en visibilité des pathologies liées aux pesticides (cancers, d’atteintes reproductives et neurologiques) », ajoutent les chercheurs. Ils mentionnent par ailleurs divers rapports gouvernementaux qui, tous, insistent sur l’urgence d’une meilleure connaissance des conditions d’exposition aux pesticides en milieu de travail [2]. « Cette décision nous a surpris d’autant plus que le document de synthèse du ministère de l’Agriculture adressé fin août à l’association Phyto-victimes indiquait que les moyens financiers alloués à cet appel à projets étaient suffisants pour financer tous les projets classés « priorité 1 », écrivent les chercheurs. Et que dans les deux scenarii financiers proposés, notre projet était financé dans son intégralité. » (...)

L’équipe de chercheurs, qui rappelle qu’un tel dépôt de projet demande énormément de travail, exige des réponses plus circonstanciées : « Quelles ont été les modalités d’examen des dossiers ? Par
qui ? Selon quels critères ? Quels sont les projets retenus ? Comment ont été opérés les choix d’attribution budgétaire à chacun d’entre eux ? »

« En l’absence de toute justification scientifique précise des raisons de ce refus, celui-ci nous apparaît comme une décision de nature politique qui, malheureusement, contribue au maintien de l’invisibilité des maladies liées à l’exposition professionnelle et environnementale aux pesticides » , intreprètent les chercheurs, qui n’hésitent pas à parler de « censure » et « d’opacité » dans les choix de financement de la recherche en santé publique.