
Deux journalistes français, Didier François, grand reporter à Europe 1, et le photographe Edouard Elias, ont disparu en Syrie jeudi 6 juin alors qu’ils tentaient de gagner la ville d’Alep. Leur chauffeur a été libéré par les ravisseurs non identifiés.
(...) Didier François et Edouard Elias, les deux disparus, ne sont pas des novices. En particulier Didier François, vétéran des théâtres de guerre depuis trente ans, au Matin de Paris, à Libération (où nous avons longtemps travaillé ensemble), et depuis six ans à Europe 1, où il était grand reporter.
Didier, qui a notamment « couvert » la guerre de Tchétchénie alors qu’il était correspondant de Libé à Moscou, et les guerres des Balkans, n’est pas un journaliste va-t-en guerre, aveuglé par les conflits. Il avait suivi les formations de l’armée française pour les journalistes envoyés dans les situations de guerre, et a toujours montré une grande capacité à évaluer le risque. (...)
Edouard Elias, photographe indépendant, n’a que 22 ans, mais lui aussi a une expérience du journalisme en zone de guerre ; en particulier en Syrie, où il s’est rendu à deux reprises au moins.
Sur son site, Edouard Elias présente deux portfolios de photos de Syrie, une série impressionnante prise lors de la bataille d’Alep à l’été 2012, et une autre série remontant à janvier dernier.
Sur ses photos, on voit qu’Edouard Elias, comme tous les photographes qui perpétuent la grande tradition du photojournalisme de guerre, approche au plus près des combattants, là où, précisément, le risque est le plus fort. (...)
On ignore encore qui détient Didier François et Edouard Elias. On sait seulement qu’ils étaient en route vers Alep, la grande ville du nord-ouest de la Syrie, lorsqu’ils ont été interceptés. Métropole multiconfessionnelle, Alep fait l’objet de terribles affrontements depuis l’été 2012, et reste partagée entre zones rebelles et gouvernementales au gré des changements de lignes de front.
Leur chauffeur a été libéré alors que les deux Français étaient emmenés par des hommes qui n’appartenaient pas, semble-t-il, aux forces gouvernementales syriennes. Si les ravisseurs sont des rebelles, les maigres informations disponibles ne permettent pas d’identifier le groupe qui détient nos confrères.
Dans cette région, on trouve en effet aussi bien les membres de l’Armée syrienne libre (ASL), que les djihadistes du Front al-Nosra, « affilié » à la mouvance Al Qaeda. Il existe aussi bien d’autres groupes incontrôlés qui pourraient avoir agi de manière isolée.
Les journalistes ne doivent pas servir de « monnaie d’échange » (...)