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Texte admirable et délicieusement pertinent extrait du : " Diable Rouge " d’Antoine Rault.
Lionel, de Cahors, lla46@wanadoo.fr
Article mis en ligne le 6 avril 2010
dernière modification le 5 avril 2010

Cette pièce retrace les derniers mois de la vie de Mazarin, premier ministre du jeune roi Louis XIV dont il achève la formation de souverain. Assisté de Bernouin, son fidèle premier valet, le cardinal souhaite terminer son œuvre en signant la paix avec l’Espagne, contre laquelle la France est en guerre depuis trente ans, ruinant les finances du royaume.
La reine-mère Anne d’Autriche réussit à convaincre le roi de choisir le mariage de raison (d’État) avec l’infante d’Espagne, Marie-Thérèse d’Autriche, ce qui mettrait fin à cette guerre d’Espagne ; contre la mésalliance d’un mariage de passion avec Marie Mancini, la nièce de Mazarin.
Colbert use alors de son influence pour préparer son accession à la surintendance des finances à la mort du cardinal...

 Colbert

 Pour trouver de l’argent, il arrive un moment où tripoter ne suffit plus.
J’aimerais que Monsieur le Surintendant
m’explique comment on s’y prend
 pour dépenser encore quand on est déjà endetté jusqu’au cou. 

 
 Mazarin

 Quand on est un simple mortel, bien sûr, et qu’on est couvert de dettes, on va en prison.
Mais l’État, L’État, lui, c’est différent. On ne peut pas jeter l’État en prison.
 Alors, il continue, il creuse la dette !
Tous les États font ça.

 
 Colbert

 Ah oui ? Vous croyez ? Cependant, il nous faut de l’argent.
Et comment en trouver quand on a déjà créé tous les impôts imaginables ?

 
 Mazarin

 On en crée d’autres.
 

 Colbert

Nous ne pouvons pas taxer les pauvres plus qu’ils ne le sont déjà.

 Mazarin

 Oui, c’est impossible.

 
 Colbert 

Alors, les riches ?

 
 Mazarin

Les riches, non plus. Ils ne dépenseraient plus.
 Un riche qui dépense fait vivre des centaines de pauvres.

 
 Colbert

Alors, comment fait-on ?

 
 Mazarin

 Colbert, tu raisonnes comme un fromage !
Il y a quantité de gens qui sont entre les deux, ni pauvres, ni riches.
Des Français qui travaillent, rêvant d’être riches et redoutant d’être pauvres !

 C’est ceux-là que nous devons taxer, encore plus, toujours plus !
 Ceux-là !

 Plus tu leur prends, plus ils travaillent pour compenser.
C’est un réservoir inépuisable.