
L’écrivaine ivoirienne Fatou Keïta avait écrit en décembre une lettre ouverte à Laurent Gbagbo, publiée sur Rue89. Elle raconte, dans ce témoignage écrit jeudi, la vie à Abidjan au milieu des combats, entre pillards et combattants, avec l’espoir que le cauchemar s’arrêtera prochainement.
(...) Avant-hier, j’ai organisé une réunion de crise car je suis présidente du comité de gestion de l’immeuble. Tous étaient là. J’observais les visages, graves mais sans animosité aucune. Nous étions tous logés à la même enseigne, pro ou anti-Gbagbo, devant les tirs ! Il s’agissait de notre survie, là était l’essentiel au-delà de tout clivage(...)
Dans le couloir, nous avons peur, mais nous arrivons à rire des positions cocasses dans lesquelles nous nous trouvons dans nos tentatives de protection. Il y a tout d’un coup trop de fenêtres vitrées dans l’appartement et nous cherchons à nous en éloigner. Mon fils dit qu’il n’aurait jamais imaginé qu’un jour il ramperait comme un serpent… Ça nous fait rire malgré les tirs ! Sommes-nous devenus fous ? (...)
Ce jeudi matin, après quelques tirs lourds sporadiques, il règne un calme inquiétant troublé par quelques décharges de mitraillettes.
Il paraît que le palais a été investi, il paraît qu’ils cherchent toujours l’ex-président… Il paraît qu’il est prêt à se rendre.. Il paraît… Il paraît… Mon ordinateur continue de mentir…. J’attends la fin, j’attends la délivrance. (...)