Le groupe pétrolier TOTAL vient de publier son bilan annuel pour 2008, avec un résultat net de 16,7 milliards de dollars de bénéfice (le brut étant facturé dans cette monnaie), en hausse de plus de 6% sur un an, et annonce dans la foulée qu’il veut supprimer 555 emplois en France (mais d’autres ailleurs), pour cause de restructuration.
Et les médias de crier à hue et à dia que cela est absolument immoral et révoltant. Déjà l’an dernier, le monde politico-médiatique était "scandalisé" des énormes bénéfices de Total, sur l’exercice 2007. Aujourd’hui, c’est l’annonce d’une restructuration qui fait réagir.
Soit. Mais nous n’avons là, qu’un exemple parmi tant d’autres du fonctionnement le plus cynique de l’économie néo-libérale. Celle-là même qui plonge la planète dans une récession et un chômage catastrophique, avec ces crises financières et économiques sans précédent. Celle-là même qui sert de modèle à notre président. Celle-là même dont nous retrouvons tous les principes fondamentaux dans le Traité de Lisbonne, pourtant rejeté en juin 2008 par les Irlandais.
Contrairement a ce que martèle fort adroitement Christophe de Margerie, le directeur général du groupe pétrolier, repris en boucle par la plupart des médias et politiques à l’instar de Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP : "Qu’une très grande entreprise française fasse des bénéfices en période de crise, ça ne peut être qu’une bonne nouvelle. Treize milliards de bénéfices, ça veut dire environ treize milliards d’impôts sur les sociétés pour l’État " ; cette assertion est totalement erronée !
Total n’est pas un gros contribuable en France, car les impôts de la multinationale sont versés presque en totalité l’étranger. L’État français ne va pas toucher 13 milliards sous forme d’impôt sur les sociétés, mais il devrait recevoir une somme bien plus modeste d’environ 500 millions d’euros.
Toutes ces jérémiades n’empêcheront pas les actionnaires d’être les premiers bénéficiaires de cette manne, puisque leurs dividendes vont progresser de 27 %, et que les restructurations comme les suppressions d’emplois sont là aussi pour garantir les meilleurs profits possibles des actionnaires. Ceux des sociétés cotées en Bourse [CAC 40], ont reçu pour 2008, la bagatelle de 54,2 milliards d’euros de dividendes !!!
Pour agir contre ce groupe pétrolier, il faut commencer par une action très simple, combien efficace, et à la portée de tous : boycotter toutes les stations Total.