
Des bagarres entre exilés attirent l’attention des médias dans le creux du mois d’août, révélatrices de tensions en partie bien réelles et en partie factices.
Une donnée qui n’est évidemment pas maitrisable depuis Calais, une forte augmentation du nombre d’exilés traversant la Méditerranée depuis la Libye, arrivant en Italie, dont une partie continue sa route vers la reste de l’Europe, et une partie se dirige vers le Royaume-uni et arrive à Calais, ou plus en amont près des parkings autoroutiers, à Norrent-Fontes ou Steenvoorde.
Il s’agit pour Calais de quelques centaines de personnes en plus, ce qui dans la cadre d’une politique d’accueil ne poserait pas trop de problèmes. Mais il s’agit aussi de personnes qui sont confrontées de manière brutale et inattendue à la manière dont elles sont traitées en Europe et en particulier en France, et qui vont donc désespérément vouloir quitter ce pays qui leur fait des conditions de vie impossibles, pour un autre pays qu’elles espèrent plus hospitalier. Des personnes aussi qui arrivent avec très peu d’argent, voire pas d’argent du tout, peu d’informations, peu de contacts. Qui, se trouvant bloquées à Calais, n’ont pas les ressources nécessaires pour se réorienter vers l’Allemagne, les Pays-bas ou la Scandinavie.
Le 28 mai dernier, les autorités détruisent trois campements situés au centre-ville ou à sa proximité immédiate. Le 2 juillet, elles évacuent un campement et trois squats proches aussi du centre-ville, qui sont aussi des lieux organisés, le lieu de distribution des repas que des exilés ont occupé pour revendiquer des conditions d’accueil dignes, et trois squats ouverts par le collectif "Salut ô toit".
Les exilés sont pour la plupart repoussés à la périphérie de la ville, dans des conditions très précaires, dans des lieux sans eau, dans des endroits où ils sont harcelés par la police et où les associations ont beaucoup plus de difficultés à être présentes.
Parallèlement, le lieu aménagé pour la distribution des repas est resté fermé depuis le 2 juillet, et l’accueil de jour du Secours catholique a été réquisitionné quelques jours avant, obligeant à un déménagement précipité dans un local mal adapté. Les autorités ont donc voulu clairement désorganiser le travail des associations.
Les tensions actuelles résultent donc très largement des expulsions de squats et de campements et de l’action des autorités (...)