
« Des mafieux, nous ? » A l’autre bout du fil, Khaled s’énerve. « Des bandits ? Des drogués ? Des trafiquants ? C’est tout ce qu’a trouvé le régime de Bachar al-Assad comme arguments pour décrédibiliser notre mouvement démocratique », s’emporte cet étudiant de 18 ans que nous avons pu joindre par téléphone à Daraa, à 100 kilomètres au sud de Damas, où la répression a fait plus de 100 morts ces six derniers jours.
« Nous ne sommes pas des voyous, ni des terroristes. Nous nous battons pour la liberté. Les soldats du Président tirent sur nous à balles réelles. Nous comptons au moins quatorze morts dans la ville. La liste des martyrs ne fait que s’allonger », ajoute-t-il avant d’être coupé par des coups de feu.
La foule crie alors à la garde prétorienne de Bachar, qui encercle depuis vendredi dernier le centre de cette petite ville miséreuse du sud :
« Rejoignez la révolution. Aidez-nous à nous libérer du joug des Assad. »
La réponse ne se fait pas attendre. Des rafales claquent dans l’air. « Il y a des snipers sur les hauteurs des bâtiments », poursuit Khaled. (...)
« Nous craignons le pire. Mais comment une armée du peuple peut-elle tuer son peuple ? » Le jeune homme se tait de nouveau. Il court. Pour se mettre à l’abri. A quelques encablures de là, Ali se cache dans la mosquée Al-Oumari. (...)
« C’est la première fois en 50 ans que des gens descendent dans la rue en Syrie en bravant l’état d’urgence. Ils veulent du changement. »
Et chaque personne tuée par les hommes de Bachar al-Assad renforce la détermination des manifestants dans la première république où le raïs a hérité du pouvoir de son père. Une sorte de monarchie socialiste très fermée et très verrouillée. (...)