
La nouvelle est passée inaperçue. Le 7 mai, l’agence de presse officielle syrienne a annoncé que le président avait reçu un message de soutien du roi du Bahreïn. Cela pourrait faire sourire s’il n’y avait en cause des milliers de vies humaines : un roi, allié des Etats-Unis et de l’Arabie saoudite, qui vient d’écraser une révolte démocratique dans son propre pays – qu’il accuse l’Iran d’avoir fomentée ! – envoie un message de soutien au meilleur allié arabe de Téhéran et dénonce les « conspirations » dont serait victime la Syrie. Ce soutien fièrement brandi par Damas n’empêche pas le régime baasiste d’expliquer qu’il doit faire face à un complot américain.
On l’a dit ici, le régime syrien doit faire face à la même vague de revendications qui submerge l’ensemble du monde arabe, du Maroc à l’Irak. Fin de l’autoritarisme et de la corruption ; du travail et du pain ; liberté d’expression ; liberté d’organisation : tels sont les mots d’ordre communs. Et, aussi, le retour de la karama, de la dignité. Pour essayer de comprendre ce que ce mot d’ordre veut dire, on lira le témoignage assez bouleversant d’une jeune femme lesbienne syrienne que les services de police viennent arrêter la nuit et qui est défendue par son père (« My father, the hero », 26 avril 2011, sur le blog A Gay girl in Damascus). L’arbitraire des autorités, des policiers municipaux qui harcèlent le jeune Bouazizi en Tunisie aux bandes de jeunes armés qui tabassent les manifestants à Banyas, c’est ce que refusent désormais les peuples, malgré la peur et la répression.(...)
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