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jean Marie Harribey
Supprimons la coupe du monde de l’équilibre budgétaire public
Article mis en ligne le 15 juillet 2014
dernière modification le 11 juillet 2014

Commençons par une petite histoire imaginaire, mais plus vraie que nature. Le pays A (comme Allemagne) a décidé la semaine dernière de bâtir le budget 2015 de son État à l’équilibre, c’est-à-dire de supprimer totalement le déficit budgétaire. Ce pays A a par ailleurs un excédent commercial extérieur. Dans le même temps, un second pays F (comme France, mais c’est un pur hasard) aura l’an prochain un déficit budgétaire et un déficit commercial extérieur. Dans cette petite histoire que nous contons, il n’existe que deux pays au monde : A et F. Et donc qui ne commercent qu’entre eux. Obligatoirement, l’économie A dégage une capacité de financement égale au besoin de financement de l’économie F. Cette obligation résulte de l’équilibre comptable de la somme des flux engendrés par tous les agents économiques, tant privés que publics. Que sont tous ces flux pour comprendre pourquoi le modèle A s’impose comme dominant F et donc le monde ?

(...) Comptes privés et comptes publics sont dans un bateau

Le circuit d’une économie monétaire de production (nom donné par Keynes à ce que, depuis Marx, on appelle économie capitaliste) se résume par la somme des flux engendrés dans l’économie au cours d’une période donnée, et cela dans les trois compartiments suivants : la sphère privée, la sphère publique et les relations avec le reste du monde. La somme des soldes de tous ces flux est nécessairement nulle.

Dans le premier compartiment, qu’on peut schématiser par la présence d’entreprises, de ménages et de banques, les unes produisent, les autres consomment, les troisièmes financent. Au final, le solde entre le flux de monnaie nouvelle issue des banques et l’épargne des ménages indiquera le besoin de financement de la partie privée de l’économie. S’il est positif, cela signifie que l’épargne est insuffisante et qu’il faut un flux net de monnaie pour financer l’économie. S’il est négatif, c’est qu’elle excédentaire et qu’il faudra lui trouver une utilisation.

Dans le deuxième compartiment, celui de la sphère publique, le solde entre les impôts et autres prélèvements et les dépenses publiques indique le déficit ou l’excédent budgétaire.

Dans le troisième compartiment, le solde entre les exportations et les importations indique l’excédent ou le déficit commercial avec le reste du monde.

Au total, nous avons l’égalité comptable : (création de monnaie – épargne) + (impôts – dépenses publiques) + (exportations –importations) = 0.

Si le budget public est équilibré, le flux net interne de monnaie et le solde extérieur doivent être de signes contraires. Dans le cas du pays A du petit conte ci-dessus, comme il y a excédent commercial, cela signifie qu’il y a un flux net de monnaie en sens inverse, c’est-à-dire une épargne excédentaire. Si celle-ci n’était pas utilisée (thésaurisée donc), cela signifierait une destruction de monnaie. Heureusement… le pays F existe ! Mais, patience… (...)