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Alternatives Economiques
Suppression du forfait social : le gouvernement vide les caisses de la Sécu
Article mis en ligne le 24 avril 2018
dernière modification le 23 avril 2018

Lors d’une interview le 12 avril sur TF1, le président de la République a annoncé une suppression du « forfait social » sur les dispositifs d’épargne salariale (intéressement et participation) dans les entreprises de moins de 250 salariés1. Cette mesure est une incitation pour les employeurs à privilégier l’intéressement au détriment du salaire, et va coûter un demi-milliard d’euros à la Sécurité sociale.

L’épargne salariale : un dispositif d’évitement du salaire
Chacun sait que les assurances sociales sont financées par les cotisations assises sur les salaires. Pourtant, on sait moins qu’une partie des rémunérations n’est pas soumise aux cotisations sociales ordinaires. Il s’agit notamment de l’épargne salariale (intéressement et participation), de la participation des employeurs aux complémentaires santé, aux retraites supplémentaires ou à l’achat de titres restaurants, chèques vacances…

Tout se passe comme si une partie de la rémunération était « au black » (quasiment pas de cotisations, et pas de droits ouverts pour les salariés), mais légale (...)

En théorie, l’épargne salariale est un moyen de faire bénéficier aux salariés d’une partie des résultats de l’entreprise dans laquelle ils travaillent. En pratique, ces dispositifs permettent surtout aux employeurs de rémunérer leur salarié.e.s à bon compte, en contournant le financement normal des assurances sociales2. (...)

Au total, c’est 9 % de la masse salariale du privé qui ne contribue pas normalement. Cela génère un manque à gagner de l’ordre de 12 milliards d’euros par an pour la Sécurité sociale et 29 milliards pour l’ensemble des assurances sociales4.

Le forfait social rapporte environ 5 milliards d’euros par an, ce qui permet de contribuer à financer des dispositifs de la branche vieillesse (...)

Aussi, si le forfait social était supprimé en 2019 sur l’épargne salariale des entreprises de moins de 250 salariés, cela aurait immédiatement deux conséquences.

Premièrement, cela renforcerait l’incitation à privilégier l’épargne salariale sur le salaire. L’incitation est déjà forte aujourd’hui : si un employeur dispose de 100 euros pour augmenter ses salarié.e.s, il a le choix entre augmenter les salaires, ce qui se traduit par 54 euros d’augmentation des salaires nets et 46 euros de cotisations, ou choisir un dispositif d’épargne salariale, ce qui se traduit par 75 euros d’épargne salariale nette et 25 euros euros de prélèvements sociaux, dont 17 euros de « forfait social ». Mais si le forfait social était supprimé, pour 100 euros l’employeur pourrait procéder à un versement de 90 euros d’épargne salariale nette, ne laissant que 10 euros de prélèvement sociaux.

La suppression du forfait social coûtera immédiatement, selon Bercy, 440 millions de recettes en moins pour la Sécurité sociale (...)