
« La Grèce, c’est pas l’Europe », dit un clandestin qui y vivote le temps de pouvoir rejoindre l’Italie. Rencontres, avant de prendre notre ferry « de touristes ».
(...)Vingt-et-une heures et des poussières, heure d’Athènes. Annabelle reçoit un coup de fil de sa mère pour les résultats du premier tour... On annonce 20% pour Marine Le Pen... On tire la gueule. On est gêné d’être français. Lui, il nous dit :
« Et la femme là, la blonde qui est pour la régularisation, elle a fait combien ? »
Sur le moment, on ne comprend pas.
« Si si, il y en a une pour la régularisation des sans-papiers. »
Aaaah, Eva Joly... C’est pas la même blonde. Elle, elle a fait 2%.
« Dommage... »
Ça ne le touche pas plus que ça, il n’éprouve pas grand-chose à l’égard des candidats français, ni pour Sarkozy, ni pour Le Pen, ni pour les autres. Pour lui, comme pour ses « collègues », ça ne change rien : même ceux qui ont déjà été expulsés reviendront. Ils ont traversé déjà plusieurs frontières, ils vivent dans la galère, ils sont déterminés, quelles que soient les « mesures » pour les empêcher d’atteindre le sol français, ils sont sûrs d’y arriver. Ce ne sont pas malfrats, ils ne sont ni dangereux, ni violents. (...)
A 23 heures et des poussières, on est dans les locaux de la PAF, on s’apprête à prendre un bus qui nous amènera au ferry. Avant de monter dedans, j’entends des policiers en civil crier « CLANDESTIN ! » Je me retourne et je vois qu’ils délogent deux types du dessous d’un camion. Ils sont noirs de graisse, les flics rigolent et les menottent vite fait.
Peu après minuit, le ferry démarre. Nous, on espère voir un de nos amis au milieu de la foule de passagers.