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Rue 89
Sauver Benghazi : espoirs et ambiguïtés d’une intervention
Article mis en ligne le 20 mars 2011

On ne doit jamais se réjouir d’une intervention militaire. Mais la passivité de la communauté internationale face à l’écrasement de l’insurrection libyenne par les forces de Kadhafi aurait été un crime et une faute. L’intervention décidée samedi, après le vote du Conseil de sécurité, est évidemment tardive, mais peut permettre d’éviter le pire.

Si les troupes de Kadhafi avaient été laissées libres de reprendre Benghazi sans réaction, il est quasiment certain que les représailles auraient été sans pitié : on ne défie pas le Guide de la Jamahirya impunément. Lui-même a promis un châtiment sévère aux « rats et chiens » qui lui tiennent tête.

Nicolas Sarkozy a pris la tête de cette saine réaction internationale, trouvant le moyen de faire oublier ses errements passés, tant avec Kadhafi et son indigne voyage en France de 2007, que l’épisode désastreux de la Tunisie, pour lequel MAM a servi de bouc émissaire. (...)

Mais peu importent les arrières-pensées, il s’agit aujourd’hui de réussir ce que l’intervention si tardive rend plus difficile encore : empêcher Kadhafi de reprendre Benghazi, et, si possible, de permettre aux forces de la « Libye libre » de l’emporter.

Mais Kadhafi est un ennemi rusé et redoutable(...)

Le pire serait l’enlisement. C’est ce que redoutent tous ceux qui ont pris la responsabilité d’engager cette bataille : une situation figée, dans laquelle la Libye serait coupée en deux, entre une Cyrénaïque aux mains de l’insurrection, et une Tripolitaine solidement gardée par Kadhafi, reprenant de vieux clivages régionaux et tribaux.

Un « gel » qui s’accompagnerait de l’obligation, pour les Occidentaux, de garantir la sécurité de la Libye libre de l’Est, de faire respecter sur la durée cette zone d’exclusion aérienne, et de surveiller Kadhafi dont la conversion antiterroriste n’est que trop récente pour être définitive.

N’oublions pas l’Afghanistan, libéré des talibans en 2001 avec le feu vert de l’ONU, et dans lequel les forces de l’Otan sont progressivement devenues des forces d’occupation sans porte de sortie.

Les Occidentaux sont donc condamnés à une victoire rapide, sans que, réellement, la définition de la « victoire » soit clairement définie.(...)

Sauver les Libyens en sacrifiant les autres peuples en colère ? Ce serait un marché de dupes inacceptable. Ce serait une trahison des espoirs que la vague des révolutions a fait naître, et pas seulement dans le monde arabe(...)

Pour l’heure, la priorité est toutefois de sauver Benghazi. Si on voulait se convaincre de l’utilité et de la pertinence de ce sauvetage, il suffirait de voir les vidéos de Mohammed Al Nabbous, blogueur et « journaliste citoyen » de Benghazi, l’une des voix de la Libye libre, tué ce samedi dans les combats dont il essayait de rendre compte sur le web pour appeler le reste du monde à l’aide.

Qu’il ne soit pas mort pour rien.

(...)

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