
Les luttes sociales ont permis aux salariés d’obtenir des avantages substantiels au travers d’une législation du travail : conditions de travail, garantie contre les licenciements, conventions collectives, salaire minimum, hygiène et sécurité, retraites, protection sociale… Tous ces acquis ont transformé la condition salariée grâce au rapport de force instauré,… et ils ont été garantis et maintenus grâce au même rapport de forces… on les a crus éternels ! Erreur ! L’effondrement actuel de ce rapport de force remet en question tous ces acquis.
Ces acquis – certainement pas définitifs contrairement à ce que beaucoup de salariés croyaient et croient – ne tenaient que parce que le rapport de forces salariés/capital était en faveur des premiers… le capital ayant alors, encore, peu de marges de manœuvre. Mais le capital ne connaît pas les frontières. Une des caractéristiques de la mondialisation marchande est évidemment la mondialisation des marchés, aussi bien ceux des matières premières, que celui des capitaux, de la consommation et même ceux de la force de travail. Cette mondialisation, et en particulier, celle de la force de travail à des conséquences prévisibles sur le rapport des forces entre salariés et entrepreneurs/actionnaires.
Le chef d’entreprise et les actionnaires ne sont plus limités au territoire national (l’Etat-nation berceau du capitalisme) pour produire et donc valoriser leur capital. Les salaires plus bas à l’étranger les incitent logiquement à délocaliser. De même que l’ouverture des frontières à la circulation de la force de travail leur permet d’embaucher à des salaires plus bas que ceux habituellement versés. Cette nouvelle situation se double d’une caractéristique déterminante : l’Etat, dans son désir de libéraliser et de déréglementer, se tient en retrait et n’est plus le garant des conditions d’existence des salariés. Dés lors, on assiste à une remise en question totale des acquis :
- les salariés en concurrence sur le marché international de la force de travail ne peuvent plus exiger le maintien, et à fortiori, l’augmentation de leurs salaires.
- l’entreprise, lieu essentiel pour les salariés (pas pour les actionnaires) peut quitter le territoire national, voire disparaître,
- tous les acquis sociaux sont remis en question et les syndicats n’y peuvent rien,
- l’exclusion remplace l’exploitation dans la conscience des salariés et le « couteau sous la gorge », ceux-ci sont prêts à tous les sacrifices pour défendre leur emploi. Une prise de conscience bien tardive. (...)