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« S’en prendre à l’AME causerait des renoncements aux soins »
Article mis en ligne le 9 août 2019

Va-t-on assister à une nouvelle offensive contre l’Aide médicale d’Etat (AME), ce dispositif permettant aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d’une prise en charge médicale et hospitalière, déjà réduite et sous conditions ? Selon le Monde de jeudi, l’Inspection générale des finances (IGF) et l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) doivent rendre en octobre un rapport sur cette aide qui bénéficie à quelque 300 000 personnes pour un coût annuel d’environ un milliard d’euros. La tonalité des auditions laisserait peu de doutes quant aux visées politiques des rapporteurs, qui pourraient, lors de l’examen parlementaire du budget 2020, proposer des pistes d’économies.

Christian Reboul, référent migration, droit et santé, au sein de l’association Médecins du monde, s’inquiète des conséquences en termes de santé publique.
Avez-vous été entendu par l’IGF et l’Igas ?

Oui, et même si on n’a encore aucune piste sur le contenu final de leur travail, on s’inquiète d’une volonté de restreindre l’Aide médicale d’Etat. Le contexte est chargé quand on repense notamment au discours de politique générale du Premier ministre en juin [sur le « courage d’affronter […] certaines réalités, notamment concernant la pression migratoire », ndlr]. (...)

S’en prendre à l’AME causerait des retards, voire des renoncements aux soins, c’est-à-dire qu’on laisserait des personnes s’abîmer la santé, mais qu’on les retrouverait plus tard dans nos services d’urgences, dans un état bien plus grave. Les économistes de la santé l’ont prouvé : une prise en charge tardive a un coût bien plus élevé pour la collectivité qu’un système de prévention organisé autour de la médecine de ville. La rationalité économique est de ce côté-là. Enfin, rappelons aussi que les virus n’ont pas de passeport et qu’ils peuvent toucher tout le monde.
(...)

L’AME n’a pas toujours existé. Ce n’est qu’en 1993, avec les lois Pasqua, que l’accès à l’assurance-maladie a été conditionné à la régularité du séjour. Il faut réintégrer les bénéficiaires de l’AME dans le régime général pour faciliter leur accès aux soins et permettre une prise en charge plus précoce. Ce système parallèle contribue aussi à leur stigmatisation.