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Jean Zin
Révolution virtuelle et révolution réelle
Article mis en ligne le 14 décembre 2010
dernière modification le 12 décembre 2010

J’avais trouvé intéressant le buzz autour de la proposition d’Eric Cantona de retirer son argent des banques, non que j’aie jamais cru à un véritable bankrun, ni même que ce serait souhaitable, mais parce que le succès médiatique rencontré manifestait une salutaire défiance envers les banques et que cela pouvait être une façon d’exprimer notre protestation citoyenne comme de répondre aux réactions déplacées de nos élites.

L’échec total de l’opération montre cependant toute la distance qu’il peut y avoir entre une mobilisation virtuelle et les mobilisations réelles. Plus important encore, la difficulté éprouvée à la mise en pratique de ce qui semblait si évident et si simple, en parole du moins, aura eu pour effet bien plutôt de faire sentir à chacun à quel point il était dépendant du système, ne pouvant sérieusement souhaiter son effondrement...

On pourrait en tirer la conclusion que toute révolution est devenue impossible, alors même qu’on est dans une période on ne peut plus révolutionnaire où l’intervention des peuples est devenue absolument nécessaire mais il ne faudrait pas se tromper de révolution ni se monter la tête. Cette intervention ne peut prendre d’autre forme qu’une grève générale et ne peut prétendre abattre un système devenu vital, seulement renverser le rapport de force entre le travail et la finance pour changer les règles du jeu, mettre un terme à la destruction des protections sociales, conquérir de nouveaux droits (revenu garanti pour tous) et commencer peut-être à construire un autre système de production.(...)

Après la bulle financière, c’est la bulle spéculative des illusions révolutionnaires qu’il faudrait crever pour revenir sur terre et ne pas égarer un mouvement révolutionnaire plus nécessaire que jamais dans des révolutions tout aussi virtuelles. (...)

l ne faut quand même pas trop rêver ni s’imaginer résoudre par nos bonnes intentions tous les problèmes qui n’ont jamais trouvé encore de solution, ni se dire que, tant qu’à changer, autant tout changer avec des exigences délirantes. Paradoxalement, loin des révolutions idéales mais comme de nombreuses révolutions dont le prétexte a pu sembler mince au départ, il faut avoir au contraire des exigences minimales pour réussir à rassembler un maximum de gens et pouvoir se mesurer aux puissances financières. Ensuite, et dans le mouvement, les mesures nécessaires devraient s’imposer sans vouloir appliquer dogmatiquement des théories préalables, même s’il faut s’appuyer sur des réflexions et travaux antérieurs. Ce n’est pas que je n’ai mes propres propositions et analyses mais le moment est sans doute moins celui des utopies, ni même des programmes, que de la résistance et de la mobilisation. Il s’agit pour l’instant de se manifester comme vivants et comme solidaires face à une finance prédatrice, ce qui est loin d’être gagné mais cette intervention des peuples qui n’a rien de virtuelle devrait finir par s’imposer, seule façon d’éviter des mesures anti-sociales de rigueur ne pouvant qu’aggraver la crise, y compris financière. C’est en ce sens que la solution, c’est nous. (...)

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